Cool, le dernier album de Tool est enfin sorti ! Ah bah non, c'est pas eux, mais ça y ressemble furieusement. Si l'Arlésienne est annoncée pour la fin de l'été (nous demandons à l'entendre avant d'y croire), Music Waves propose aux fans des Californiens de jeter une oreille au premier album de Wheel pour patienter.
Wheel est un groupe anglo-finlandais de metal alternatif... à la Tool. Émigré en Finlande pour poursuivre sa carrière musicale sous des latitudes plus propices à ses aspirations, James Lascelles fonde le groupe en 2017, entouré de Roni Seppänen à la guitare, de Mikko Määttä à la basse et de Santeri Saksala à la batterie. Après deux EPs prometteurs, "Moving Backwards", sorti au printemps 2019, est un assemblage de progressif, de grunge, de post rock. Metal ou rock ? Les deux : tout dépend du passage que vous écoutez tant les deux se mêlent pour former un tout homogène, et, après tout, peu importe tant qu'on a l'ivresse.
Trois morceaux de choix dans cet album à commencer par l'éblouissant 'Wheel' dont l'intro aux percussions tribales dévaste tout sur son passage. La performance de Santeri Saksal est époustouflante surtout sur l'intro de plus de deux minutes, le reste oscillant entre ambiances inquiétantes et heavy rageur. Le chant très varié flirte tantôt avec Maynard J. Keenan, tantôt avec Dave Grolh sur les passages les plus énervés. L'amateur des Québécois de Myxomatosis y décèlera également des similitudes. 'Tyrant' tire plus vers Riverside avec sa basse lourde très présente et ses ambiances éthérées, même si le final plus rugueux renvoie à l'époque grunge du début des années 90. Quant à 'Lacking' qui clôt l'album, il marque un retour aux percussions ethniques et à la froideur du metal alternatif à la Tool, à grands renforts de basse accordée très bas, de guitares acérées et du chant très expressif de James Lascelles. Le final achève l'opus dans un déluge de décibels qui prend aux tripes en rappelant le mythique 46 & 2 de la bande à Maynard.
L'instrumental 'Skeletons' tire dans la même direction, par la beauté cinématographique de ses ambiances sombres et inquiétantes. En écoutant les autres titres, l'auditeur attentif sera attiré par les sonorités metal prog d'un 'Vultures' incisif et par la rage contenue et maîtrisée de 'Where The Pieces Lie' et de 'Up The Chain' qu'une certaine Alice, elle aussi enchaînée, n'aurait pas reniés.
Il y a fort à parier que sans une certaine linéarité sonore, l'album aurait facilement pu briguer la note maximale tant l'énergie déployée par le quatuor d'Helsinki est prenante et maîtrisée du début à la fin. Bien mieux qu'un simple passe-temps en attendant le toujours hypothétique album de Tool, ce Wheel vaut autant par la proximité avec les Américains que par l'étonnante personnalité dont il sait faire preuve. Leur album rageur, entre ombre et lumière, où se mélangent maîtrise technique, production impeccable, écriture intelligente et ambiances savamment travaillées, a tout pour devenir votre album de chevet jusqu'à la sortie du prochain Tool, et même bien après.