Possessed répand depuis trente-cinq ans son évangile sombre. Après deux albums, le groupe s'est absenté dix années, ponctuant cette disparition d'EPs, de compilations ou de démos. Au bout de cette longue attente, sa résurrection : la formation sort “Revelations of Oblivion”, une œuvre sculptée dans le soufre qui soumet par sa puissance enténébrée de désespoir.
Le disque est sombre et malsain, même si ‘Chant Of Oblivion’ débute de manière presque sereine : c’est pour mieux assassiner les oreilles. Les harmonies dérangeantes sont également le cœur de ‘Temple Of Samael’ où les arpèges oscillent entre étrangeté inquiétante et dissonance hypnotique. Quant aux autres pistes, par moments assez classiques, elles piochent leur violence chez Morbid Angel, Death, Coroner, Carcass, Pestilence et autre rejetons de Tampa.
Les riffs sont majoritairement rapides à la manière du thrash (‘Dominion’, ‘Abandoned’ ou ‘The Word’); les guitares sont torturées, les vibratos maltraités, les harmoniques sifflantes (‘Demon’, ‘Graven’, ‘Ritual’ ou ‘Shadowcult’); la voix est à mi-chemin entre le thrash (Voivod ou Sepultura) et une version old school (Carcass ou Death), usant peu du grunt, lui préférant une version âpre sur laquelle se dresse l'ombre d’un Lemmy d’outre-tombe (‘No More Room In Hell’, ‘Dominion’). Mais au-delà d’une parure violente, l’œuvre s’assoit sur des bases effrayantes, quasiment contre nature.
Comme des cénobites métalliques, Possessed préfère la nuit à la lumière, l’enfer au paradis pour y goûter un plaisir dévoyé. ‘Demon’ est troublant, parfois à la limite du soutenable, ‘Ritual’ est une tuerie en masse, notamment lorsque la guitare solitaire rappelle les explosions de six-cordes de Trey Azagthoth.
Après des années de silence, Possessed revient en forme. “Revelation of Oblivion” est un album fort et subtil, même s’il ne renouvelle pas le genre. Peut-être aurait-il mérité de laisser quelques respirations... Toutefois les compositions réussissent à plonger l’auditeur dans des tourments qui glacent les sangs et attirent tout autant. Un album au style classique, mais néanmoins malsain, intense et puissant.