ZZ TOP: Antenna (HARD ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Avec le bien-nommé "Recycler" (1990), ZZ Top semblait avoir fait le tour de ses aventures en terres cyber-boogie. Si ces dernières lui avaient permis d’obtenir un succès planétaire, elles commençaient à lourdement enfermer les trois barbus dans une recette dont ils avaient clairement utilisé toutes les ficelles. Voici donc nos Texans préférés de retour avec un nouvel opus dont la pochette particulièrement épurée semble vouloir annoncer la couleur. Bien que toujours produit par Bill Ham, le livret laisse apparaître l’absence de claviers à la lecture des instruments utilisés par le trio, ce qui est un bon signe pour tous ceux qui étaient arrivés à saturation d’arrangements électro en tous genres.

Sans totalement renier sa récente période faste en reconnaissance internationale, ZZ Top se lance effectivement dans un retour maîtrisé vers ses valeurs d’origine. La démarche est commercialement risquée mais elle mérite au minimum le respect, d’autant qu’elle se révèle plutôt réussie. Quelques titres tels que ‘World Of Swirl’ et ‘Antenna Head’, tous les deux chantés par Dusty Hill, ainsi que ‘Cherry Red’ ou ‘Lizard Life’, restent dans la lignée de ce que Gibbons, Hill et Beard ont offert ces dernières années, mais sans l’emballage électronique. L’efficacité ne s’en retrouve aucunement altérée et les soli du révérend restent toujours aussi euphorisants. De son côté, la ballade bluesy ‘Cover Your Rig’ n’est pas sans rappeler ‘I Need You Tonight’ ("Eliminator" – 1983) avec des paroles à double sens tout en délicatesse (sic !) et un feeling envoûtant apparaissant au travers de brumes de chaleur.

Validant le retour aux racines plus roots, nous avons droit aux singles ‘Pincushion’ et ‘Breakaway’. Le premier se fait sale et accrocheur avec ses riffs et soli imparables, alors que le second voit Franck Beard privilégier des percussions légères à sa batterie pour un résultat épuré et lancinant du meilleur effet. Le groove chaloupé d’un ‘Fuzzbox Voodoo’ reptilien, le numéro de basse lançant le catchy ‘Girl In A T-Shirt’, et l’intro en guitare seule d’un ‘PCH’ au riff hyper accrocheur et au refrain imparable sont autant de surprises qui permettent à "Antenna" de rester captivant, le tout étant bien évidemment illuminé par des soli aveuglants d’un Billy Gibbons en pleine forme. Seule la fin de cet opus perd un peu en intensité, la faute à des accroches un peu moins évidentes qui ne remettent pas en cause la qualité de ‘Deal Goin’ Down’ et de ‘Everything’.

S’il a eu du mal à trouver son public et a été considéré par certains comme le début de la traversée du désert pour le trio texan, "Antenna" n’en est pas moins un excellent cru. ZZ Top prend le risque de sortir de la zone de confort dans laquelle il s’était installé depuis trois opus et il le fait en trouvant un bel équilibre entre un retour à ses racines et la fierté assumée des trois opus précédents qui lui ont permis d’atteindre les sommets de la renommée. Les puristes ne s’y sont pas trompés et ont digéré facilement ce changement de direction qui n’a finalement perdu en route que des amateurs uniquement attirés par les lumières du succès commercial.

ZZ TOP

ANTENNA

RCA

HARD ROCK