Trois années ont passé depuis la parution de la désastreuse compilation de fonds de tiroirs "Ampersand, vol. 2", et malgré les efforts solo de Paul Bremner et de Laura Meade publiés dans l'intervalle, c'est avec une certaine impatience que l'amateur du progressif habituellement très travaillé de Izz, groupe américain fondé il y a plus de 20 ans par les frères Galgano, attendait la confirmation que cette galette ne serait qu'un accident de parcours.
Se présentant sous la forme de cinq titres visiblement inspirés par l'œuvre culte de Douglas Adams, "Le Guide du Voyageur Galactique", "Don't Panic" va très vite rassurer les aficionados du groupe et ce malgré un premier titre mi-figue mi-raisin, mêlant une mélodie quelque peu bancale portée par des harmonies dissonantes et des vocaux introduits par des "Na – na – na" plutôt kitsch à une instrumentation déjà très riche, portée par une section rythmique très solide. Et cette basse galopante à la Chris Squire va définitivement emporter tous les suffrages pour le plat de résistance de l'album, composé des 18 minutes de "42", epic on ne peut plus yessien avec son chant doublé, ses guitares aux sonorités tout droit sorties des pédales de Steve Howe, ses parties instrumentales bien troussées, et bien entendu dans la construction qui enchaîne les thèmes les uns derrière les autres. Et quitte à singer le grand Yes, Izz nous offre même en guise de dessert à cet énorme titre une coda à la guitare acoustique ('Six Strings Theory') tel Steve Howe et ses fameux intermèdes en solitaire lors des concerts du groupe.
La suite de l'album s'éloigne ensuite quelque peu du modèle yessien, mais convie là encore de belles références. Le début de 'Moment of Inertia' nous offre ainsi un magnifique passage au piano rappelant immanquablement Tony Banks, avant que le morceau n'enclenche une partition très électrique flirtant avec le metal. Puis c'est au tour de Marillion d'être évoqué dans 'Age of Stars' par le biais d'un accompagnement de basse/claviers tout droit sorti de 'Hotel Hobbies', pour poursuivre ensuite dans un mode très ELP, soli de claviers inclus.
Pourtant, loin de plagier ses aînés, Izz développe sur "Don't Panic" une musique finalement très personnelle qui nécessitera comme à son accoutumée plusieurs écoutes pour en ressentir toutes les nuances. Voilà qui nous emmène bien loin du ratage précédent et réconciliera les auditeurs exigeants avec ce groupe qui nous a habitués à l'excellence.