Groupe originaire de Belgique, et aujourd'hui dans sa deuxième incarnation après avoir publié 2 albums dans sa version 1.0, Taliesyn II nous propose ses "Contes Apocryphes", concept album narrant une épopée fantastique dans la forêt de Nerival. Autour des jumeaux Julien et Geoffroy Mary, la grande nouveauté de cette nouvelle formation est la présence au chant sur une moitié des titres du ô combien charismatique Jean-Philippe Suzan (Gens de la Lune).
Passée l'ouverture composée de bruits inquiétants et qui plante l'ambiance, 'Les Lanciers Noirs' entame la galette sur une dynamique très rock, conviant riffs de guitare et orgue Hammond, l'analogie du nom du groupe avec le premier album de Deep Purple étant tout sauf anodine. En effet, tout du long des 68 minutes de l'album, Taliesyn II nous dégaine une véritable ode au rock et au progressif des années 70. Alternant les compositions dynamiques aux mélodies mémorisables ('En Pleine Campagne', 'A Bout de Course', 'Kelester') avec d'autres plus alambiquées, le concept est déroulé sous la forme de titres courts s'enchaînant très naturellement les uns aux autres.
Portée par la voix de Jean-Philippe Suzan, l'histoire prend des élans très évocateurs, tant celui-ci sait varier son registre en fonction des ambiances proposées par les deux musiciens. Et loin de se cantonner à un rock immédiat et efficace, ceux-ci nous proposent également, à côté du hard façon Deep Purple avec guitares qui grattent les cages à miel, du jazz ('Terres Conquises', 'La Marche Sanglante'), mais également du progressif en bonne et due forme avec en tête de gondole le splendide 'Orage' qui, après une entame sombre mid-tempo se décline ensuite en une frénésie instrumentale jouissive.
Au-delà des simples références au rock anglo-saxon des seventies, les effluves des maîtres du progressif à la française que sont Ange et Mona Lisa viennent régulièrement titiller nos oreilles, les analogies vocales servant en l'occurrence de marqueur indéniable pour un retour vers le passé jubilatoire.
Affublé d'un style qui pourrait être qualifié de hors d'âge, ces "Contes Apocryphes" nous emmènent sur des chemins certes bien balisés mais tellement bien empruntés que la magie s'installe immédiatement. La qualité de composition et d'interprétation est un ultime hommage à cette époque dorée, et cette galette mérite qu'on y pose bien plus qu'une oreille distraite.