« Cérébus Effect », ou l’effet papillon : théorie physique du chaos selon laquelle un simple battement d’aile de papillon pourrait déclencher une avalanche à l’autre bout du monde… Cet effet étant vraiment théorique, une question plus pratique sera donc ici de savoir si l’écoute de cet album déclenchera en vous une avalanche d’émotions…
« Acts Of Déception » est le deuxième album de ce groupe américain : le premier étant « Dark Matter » et datant de 2002, on compte également un live à leur actif (« Live at Orion » de 2001).
Dès la première écoute, on ne peut que sentir, d’un point de vue global, que la maîtrise instrumentale des musiciens du groupe est totale : on trouve Johnny Walker à la guitare et aux claviers, Mike Galway à la basse, Patrick Gaffney derrière les fûts et Dan Britton aux claviers.
Le groupe officie dans un registre essentiellement instrumental (même si l’on peut noter l’intervention de chant sur quelques titres, mais cela pour une durée totale de l’ordre de 5 minutes) axé prog/fusion/jazz. L’ensemble est très riche, la mise en place est plus qu’exemplaire, la technique des instrumentistes n’est pas à démontrer, on sent le haut niveau dès les premières minutes.
Les thèmes sont très variés et on assiste souvent à des convergences instrumentales, l’ensemble des instruments reprenant tous en même temps certains phrasés. Les styles sont variés même s’il y a une réelle unité : les enchaînements sont remarquables à l’intérieur même d’un morceau et les structures sont plutôt non linéaires. Mention spéciale à la batterie qui double parfaitement les autres instruments, il en met vraiment partout (« Nine Against Ten ») mais de manière très bien sentie et quelquefois subtile (solo vers la fin de « Fine Lines Between ScienceAnd Art ») : la section rythmique est d’ailleurs en béton avec une basse souvent mise en avant.
Au niveau de la production, on peut noter que ce sont les claviers qui sont le plus portés au devant (c’est d’ailleurs l’instrument qui est le plus présent) alors que la guitare pourra être considérée comme étant un peu trop en retrait : plus de présences sur certains passages aurait permis de donner un peu plus de caractère.
Les mélodies sont très travaillées comme les ambiances changeantes dans « Of Mortal Constraints ». Le morceau suivant, « Opération Midnight Climax », en reprend d’ailleurs le thème final pour une suite de plus de 11 minutes qui laisse s’exprimer tous les instruments avec une recherche intéressante au niveau du son.
On notera aussi que certains passages sonnent comme des plages ouvertes à l’improvisation. C’est le cas notamment de « Neutrino Flux » avec ses accents de recherche pseudo-expérimentale, un peu plus étrange et plus difficile à appréhender au niveau des harmonies.
Au final, on sent bien que c’est de la musique faite avec le cerveau pour le cerveau (aussi pour les oreilles !!!), comprenez par là que c’est recherché, structuré et le résultat n’est pas le fait du hasard…C’est une qualité et un défaut à la fois, car de fait on a quelquefois du mal a discerner des thèmes musicaux majeurs, il faut être attentif pour repérer les passages accrocheurs… On pourrait donc penser que c’est de la musique plutôt orientée pour les musiciens.
On tient donc ici un très bon album, de grande qualité, qui plaira très certainement aux amateurs de prog fusion instrumentale. Il sera cependant peut-être un peu difficile d’accès pour les non initiés car la musique est relativement technique à certains moments.