"5 : The Grey Chapter" montrait une formation en souffrance mais qui avait su se reconstruire. Depuis il y a eu d’autres évènements dans la vie du groupe, notamment le départ houleux de Chris Fehn. Il est permis de se demander dans quel état on va le retrouver après cinq ans de disette. Slipknot a encore été gourmand avec plus d’une heure et 14 pistes, mais malin, crée une atmosphère glauque grâce à l’intro et des interludes. Il y a aussi des surprises au programme d’un disque riche et pas si immédiat qu’il le paraît de prime abord.

L’intro ‘Coin’ qui nous fait pénétrer ce nouveau chapitre a un côté froid, mécanique comme une bande son de film futuriste à la "Blade Runner". C’est un voyage aux confins de la folie qui attend l’auditeur. Il y a des titres néo thrash typique du son Slipknot, pures décharges d’énergie brute taillées pour faire mal : ‘Unsainted’,  ‘Birth Of The Cruel’, ‘Nero Forte’, ‘Red Flag’ et ‘Orphan’ forment un quintet impressionnant, avec des explosions de rage, un côté jump typique et un groove déjanté qui a fait la force du groupe.

Il y a aussi  un Corey Taylor au sommet de son art, hurlant sa rage avec une hargne qui fait froid dans le dos ; mais à côté il module sa voix de manière remarquable avec des parties de chant clair dans l’esprit de Stonesour, et il sort comme le grand gagnant du disque. Quand la mélodie prend le pas sur la puissance, cela donne des titres différents forts en âme. ‘Critical Darling’ donne le frisson avec un joli côté horrifique et un break soft mélancolique à fleur de peau. ‘A Liar’s Funeral’ et ‘Spiders’ mettent la violence en arrière-plan avec des passages mélodiques accrocheurs efficaces. Et il y a l’O.V.N.I. de l’album, ‘My Pain’. Ce long titre atmosphérique se fait planant et aérien avec un côté sombre, véritable réussite au chant chuchoté qui emmène hors du temps dans un esprit progressif surprenant pour le groupe.