CRASHDIET: Rust (HARD ROCK MELODIQUE) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Dans la famille des groupes de rock frappés d’une malédiction, voici celui qui en est au quatrième chanteur en cinq albums. Après le suicide de Dave Lepard et l’éviction de H. Olliver Twisted, ce fut au tour de Simon Cruz de laisser vacant le poste de frontman en quittant ses compères en pleine tournée au Japon en 2015, et ceci sans donner d’explication. Mais les Suédois de Crashdïet, puisque c’est d’eux dont il s’agit, ne sont pas du genre à baisser les bras et ils recrutent Gabriel Keyes en 2017. En cette fin d’année 2019 paraît le premier témoignage discographique du nouveau line-up avec un "Rust" attendu au coin du bois par des amateurs de sleaze et de glam qui pourraient commencer à se lasser des mouvements au sein de la bande de Martin Sweet.

Si cette instabilité est courante dans le milieu de la rock’n’roll way of life, elle a également souvent empêché quelques formations de confirmer les espoirs placés en elles. Gageons que si la formation scandinave réussit à conserver son nouveau chanteur, la confirmation pourrait bien se trouver au sein de ce nouvel opus gorgé d’énergie et d’accroches. Maintenant que le suspense est défloré, il est grand temps de donner les raisons de cet optimisme. La première vient de la personnalité désormais affirmée du combo qui offre un hommage appuyé aux formations cultes des années 80 sans que l’ombre de ces géants ne soit autre que bienveillante. Au-delà de la production puissante et bien ancrée dans son époque, les compositions de Crashdïet ne ressemblent en rien à des tentatives de clonage. En pourtant, difficile de ne pas se croire sur l’album "Dr Feelgood" (1989) de Mötley Crüe avec le gros riff du titre éponyme qui lance les hostilités en écrasant tout sur son passage. Sur ‘Idiots’, c’est à W.A.S.P. que l’on pense avec un titre aussi tranchant que les lames de scies circulaires arborées par Blackie Lawless sur ses avant-bras à ses débuts. En plus, le clip de ce titre se réfère clairement à une interview légendaire d’un Chris Holmes au bord de sa piscine alors qu’il était encore imbibé d’alcool et autres substances.

L’hymnique ‘We Are The Legion’ ravira les amateurs du Skid Row de l’époque "Youth Gone Wild" (1989) en piétinant toute forme de résistance. En revanche, la tentative d’hommage aux ballades de Def Leppard avec un ‘Waiting For Your Love’ aux atours électro se retrouve handicapée par des claviers un peu trop kitsch. Enfin, le final composé de ‘Stop Weirding Me Out’ et ‘Filth & Flowers’ renvoie aux meilleures heures de Twisted Sister, d’autant que la voix de Gabriel Keyes n’est pas sans rappeler celle de Dee Snider, à la fois puissante et légèrement éraillée et se situant entre celle du géant new-yorkais et celle du compatriote Erik Grönwall (H.E.A.T.). On connait pire comme références. En rajoutant à toutes ces références un final digne de Metallica sur ‘Idiots’, il y aurait de quoi penser que les Suédois rejoignent la longue liste des groupes enfermés dans les années 80 et se contentant de servir un réchauffé de ce qui se pratiquait avec succès à l’époque. Pourtant, en rajoutant une pincée de punk indispensable à tout sleaze de qualité qui se respecte (‘Crazy’, ‘Parasite’ et son refrain obsédant, ‘Reptile’) et quelques bidouillages électroniques bien sentis (Into The Wild’) et en mixant avec talent tous ces ingrédients, Crashdïet réussit à offrir un cocktail très personnel.

Une fois de plus, le quatuor de Stockholm se relève de ses épreuves avec talent et énergie. Avec un opus varié mariant puissance et mélodie, il est à souhaiter que "Rust" marque le début d’une période féconde pour un line-up que l’on espère enfin stabilisé où le nouveau chanteur donne entière satisfaction. A conseiller à tous les amateurs de refrains imparables et d’énergie communicative !

CRASHDIET

RUST

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