En 2015, peu après la sortie de "Black Lotus", Sister Sin met la clé sous la porte. Bien décidée à poursuivre sa carrière, Liv Jagrell, son ancienne frontwoman, ne tarde pas à lancer un nouveau projet, baptisé tout simplement Liv Sin. En optant pour ce nom, la belle souligne la parenté entre les deux groupes et s'affirme clairement comme chef de bande. Autrefois simple vitrine vocale (mais quelle vitrine !), la Suédoise a dû endosser un autre rôle, s'investissant dès lors dans l'écriture des chansons, ce qu'elle ne faisait pas à l'époque de Sister Sin. Le résultat prit la forme de "Follow Me", galop d'essai qui sut largement rassurer les fans esseulés par le sabordage de son ancien port d'attache et épancher leur soif de heavy fardé de chant féminin.
Deux ans plus tard, Liv revient frapper à notre porte avec entre les seins une seconde rondelle. Ceux qui la suivent ne seront une fois encore pas dépaysés par "Burning Sermons" dont elle constitue la rageuse clé de voûte. Selon ses habitudes, la tigresse sort les griffes qu'elle a particulièrement aiguisées, poissées du sang de ses victimes ('War Antidote'). La metal queen s'époumone et ne retient jamais ses coups et ce, pour notre plus grand plaisir, trop heureux que nous sommes de pouvoir goûter cette voix d'airain qui n'a rien perdu de sa force. Au milieu de ce torrent de testostérone, dont la déesse ouvre les vannes avec une largesse qui n'a rien à envier à celle de ses confrères masculins, se glisse un émouvant 'Ghost In the Dark' où elle se montre plus câline sans pour autant s'abandonner totalement, dans un registre tendre et puissant que ne renierait pas Doro.
A ses côtés, ses trois compères bétonnent le socle d'un heavy thrash à la suédoise, parfois speed ('Chapter Of The Witch'), écrin appuyé mais toujours mélodique pour cette voix haut perchée reconnaissable entre mille. Solidement épaulé derrière la console par Emil Nödveidt (ex Swordmaster, Ophthalamia et frère cadet du regretté leader de Dissection), le groupe bastonne sévère même si certains arrangements un peu sucrés en diluent quelque peu la fureur, témoins 'Dead Wind Intermezzo' et surtout 'Hope Begins To Fade' dont la grandiloquence traduit une timide tentation orchestrale et vaguement nightwishienne.
Les hymnes sont là ('Blood Moon Fever', 'Slave To The Machine') mais les invités, plus discrets que sur "Follow Me" qui accueillait Jyrki 69 (The 69 Eyes), Schmier (Destruction) et Stefan Kaufmann (Accept, UDO), qui en était d'ailleurs le producteur. Seul Bjorn Strid de Soilwork vient cette fois-ci s'accoupler avec Liv le temps du déjà cité 'Hope Begins To Fade', de façon par ailleurs plutôt anecdotique.
Sans révolutionner le genre, "Burning Sermons" distribue un heavy metal efficace, à la fois moderne et traditionnel et que porte sur ses épaules une Liv Jagrell plus furieuse que jamais.