Hate est un ancêtre polonais né au début des années quatre-vingt dix et qui a produit onze albums, une poignée d'EP et quelques compilations. Le groupe a beaucoup changé, si bien que Adam Buszko (chant, guitares, claviers et basse) est le seul membre originel, accompagné par Paweł Jaroszewicz (batterie). Deux années après “Tremendum”, un opus brûlant de très bonne facture, le duo revient avec une oeuvre âpre, sombre et blasphématoire, "Auric Gates of Veles”.
Dès les premières secondes de ‘Seventh Manvantara’, les guitares suintent, les rythmiques sont lourdes et percutantes comme chez Dismember alors que les mélodies désincarnées sont dignes de Benediction ou Obituary. Le style est toutefois posé et carré lorsque la batterie groovy et “sensuelle” s’oppose aux riffs rapides. Les guitares solitaires lorgnent du côté de Malevolent Creation ou Entombed, abusant d’un vibrato ample et torturé. ‘Thriskhelion’ (triskele) fait ainsi jaillir des vibrations, puis construit des ambiances black, dissonantes et dérangeantes, dignes de Darkthrone, Cloak of Alterning ou Emperor.
Les oreilles sont noyées sous une puissance brutale et des harmonies troublées parfois difficile à supporter (‘The Volga’s Veins’ ou ‘Sovereign Sanctity’). Les musiciens veulent injecter de l'étrangeté, pour attirer ou repousser, comme les formes multiples d’un tableau cubiste. ‘Auric Gates of Veles’ rappelle Hate Eternal, lorsque le duo démontre son goût malsain pour ériger une aura de terreur épaisse. La peur est omniprésente, la sidération et la terreur hypnotique guettent l'auditeur au détour de ‘Gereration Sulphur’.
“Auric Gates of Veles” déverse sans aucun compromis une terreur opaque baignée de old school incantatoire et de touches black. L’œuvre transgressive et percutante est solide comme un rock, même si elle est parfois rectiligne. Ainsi, même si Hate pousse sa vision de l’horreur extrême dans ses derniers retranchements, cette dernière reste malheureusement largement prévisible.