Avec régularité, constance et opiniâtreté, les Polonais de Vader publient des disques puissants. Après “The Empire” et “Dark Age”, voici “Thy Messenger” un EP qui assoit sa violence noire et sa domination pour écraser l'auditeur.
Point besoin de changer les habitudes, car Vader aime le old school ! Le groupe propose des instants sombres où les riffs efficaces se développent sur des tempos rapides. Il convoque l’esprit de ses aînés : Pestilence (‘Grand Deceiver’) avec des métriques hyper rapides, Death avec la voix âpre et haut perchée plutôt que celle venue de cavernes abyssales, Death, Morbid Angel ou Slayer avec des solos techniques et rapides (‘Grand Deceiver’ ou ‘Emptiness’), Benediction ou Malevolent Creation avec des guitares maltraitées (‘Emptiness’), Immolation et son œuvre blasphématoire. Les Polonais conservent leur savoir-faire diront certains... leurs tics diront d'autres, plus critiques.
Les compositions sont plaisantes, même savoureuses lorsqu'elles s'échappent d'une zone de confort bien délimitée (‘Steeler’ où le groupe semble plus à son aise). Les autres pistes sont bien ficelées : ‘Emptiness’ et ses très belles guitares solitaires, ‘Despair’ et ‘Litany’ proches du thrash / death de Sepultura. La puissance ne laisse aucune seconde de répit lorsque les guitares intenses baignent l'opus d'un magma brûlant (‘Grand Deceiver’). Par contre la production semble bien propre, l’opus ne proposant pas les ambiances malsaines de “The Beast”, “Impressions In Blood” ou “Revelations”.
“Thy Messenger” est un album sans surprise, ni bon, ni mauvais, car Vader ne change pas d’un iota ses habitudes. La musique, à la croisée de chemins entre Slayer, Pestilence et Carcass, prolonge les compositions des albums précédents : même rapidité, même droiture directe et sans fioriture. Avec son death ultra calibré, ses compositions classiques et ses guitares grinçantes, la formation arrivera-t-elle à contenter les amateurs ? Vader semble tourner en rond et être condamné à boucler indéfiniment... à moins qu’une œuvre plus aventureuse ne vienne briser ce cercle sans fin.