Voilà une formation qui a le mérite de ne rien lâcher et il faut bien reconnaitre que ce serait vraiment dommage qu’elle le fasse. Continuant son rythme d’une sortie discographique tous les deux ou trois ans, les Français de BlackRain sont de retour avec un "Dying Breed" marqué par le retour aux manettes de Chris Laney (Pretty Maids, Crazy Lixx, etc..). Le producteur avait officié sur "License To Thrill" en 2008, cet opus restant la référence ultime pour de nombreux fans du groupe. Si "It Begins" (2013) voulait lancer la carrière internationale du quatuor -il s’était heurté à la mauvaise volonté de Sony- "Released" (2016) avait vu BlackRain se frotter à des sonorités plus modernes, toujours sous la houlette de Jack Douglas (Aerosmith, Cheap Trick, John Lennon…). Avec ce nouvel opus, les Haut-Savoyards semblent désireux de revenir aux fondamentaux de leur identité et paraissent un peu désabusés par la difficulté de percer dans le paysage international lorsque l’on est une formation d’origine française.
Lancé par un titre éponyme aux chœurs festifs et à l’énergie contagieuse, le nouveau recueil des anciens finalistes de La France a un incroyable talent regroupe tous les éléments qui devraient lui permettre de squatter les ondes FM scandinaves et anglo-saxonnes. Il faut dire que l’enregistrement s’est déroulé en Suède, pays d’accueil de Swan, et que la patte septentrionale est évidente au niveau d’une production claire et puissante à la fois. L’autre marque toujours incontournable est celle laissée par les formations glam-US des années 80 au sein des influences du groupe. Les ombres de Mötley Crüe (‘Hellfire’), Twisted Sister (‘Blast Me Up’, titre de "It Begins" réenregistré pour l’occasion) ou du Bon Jovi des débuts (‘We Are The Mayhem’ et son refrain aux effluves de ‘You Give Love A Bad Name’, ou ‘Rock Radio’) planent sur cet opus.
Mais si les Français sont désabusés, ils ne sont pas abattus pour autant et ils transforment leur déception en une énergie rageuse. Propulsé par une basse vrombissante, le hargneux ‘Nobody Can Change’ en est un des meilleurs exemples. Ce "Dying Breed" se révèle rapidement comme un condensé de ce que BlackRain sait faire de mieux. Des refrains accrocheurs pour chaque titre, des chœurs fédérateurs qui seront à coup sûr rejoints par le public en live (‘Dying Breed’, ‘Rock Radio’), des ambiances variées parfois festives, parfois teigneuses (‘Public Enemy’), sans oublier l’incontournable ballade mid-tempo à l’émotion palpable et aux beaux arrangements (‘All Angels Have Gone’) et le single imparable taillé pour les ondes FM (‘A Call From The Inside’). Tout ça est superbement interprété par un Swan maîtrisant parfaitement son chant, une paire de guitares acérées et complémentaires, et une section rythmique qu’il serait dommage de sous-estimer tant elle offre une belle richesse de lignes variées et techniques.
Une fois de plus, BlackRain offre un opus rutilant et sans faille qui possède tous les éléments pour rencontrer le succès auprès des amateurs d’un hard-rock mélodique biberonné au hair-metal des années 80. Accrocheur en diable et superbement produit, il serait dommage, voire injuste, que cet opus ne soit pas reconnu à sa juste valeur et qu’il ne permette pas à ses interprètes de monter une nouvelle marche vers les sommets du genre afin d’obtenir la reconnaissance qu’ils méritent.