Derrière le nom rageur de Courroux se dissimule en réalité un homme-orchestre, Fabien Guy (ou selon l'humeur Liqueur Brune). Après avoir testé un premier single, l’homme fait le grand saut en nous proposant son premier album éponyme.
Courroux nous invite dans son laboratoire sonore où il a patiemment assemblé, en grand bricoleur autodidacte, toutes les pièces de son puzzle. La pochette qui n'est pas sans rappeler celles de Tangerine Dream pourrait n'être qu'une image paisible d'un lac de montagne, mais les couleurs folles et la possibilité de voir un visage monstrueux émerger du lac nous laissent à penser que son écoute sera une périlleuse plongée en eaux troubles…
Six chansons comme six portes sur notre subconscient. Esthétiquement, Courroux expose un premier thème qui se déploie de façon inquiétante avec l'apport de nouveaux sons qui émaillent la partition. Les influences se révèlent, entre cold wave (Joy Division, Collection d'Arnell Andrea) et certains travaux de Nine Inch Nails. Placé idéalement aux avant-postes, 'Sweetness Of The Nerves' voit l'entrée progressive des sons (claviers, batterie). Alors que l'ambiance lancinante electro aurait pu sombrer dans la répétition, Courroux renforce sa défense avec un riff de guitare sale qui se greffe au thème initial et nous conduit au bord d'un orgasme sonore.
Cette formule sera reprise tout au long de l'album, Fabien Guy juxtaposant différentes lignes rythmiques pour en observer les conséquences. Courroux ne cherche cependant pas à effrayer gratuitement l'auditeur en lui proposant la bande originale de ses cauchemars. Chacune de ses vignettes cinématographiques ne se drape pas de ténèbres complètes mais trouve toujours le chemin de la lumière. Un piano mélancolique inspiré de Nobuo Uematsu fait face à des voix déformées et impossibles à identifier, 'Les Ronces' mise sur une guitare acoustique, 'I Against Destiny' cumule inquiétude (orgue, claviers imitant les vocalises d'un chœur fantôme) et ambiance atmosphérique. L'album s'achève sur 'Telepathy With A Wall' où, malgré une basse funèbre et une batterie robotique, l'ascension se fait épique et quasi oldfieldienne pour atteindre l'apaisement (le bruit des vagues et les mouettes).
D'une durée assez courte, ce premier album dessine des tableaux fous où le vent et l'orage viennent nous tourmenter, mais toujours avec la promesse d'un rayon de soleil. Pour son premier album, Courroux réalise un quasi sans-faute, seul l'aspect home-made pouvant être à déplorer. L'écoute de cet album est toutefois hautement recommandée : il permettra de trouver de l'apaisement dans la fureur.