On ne change pas une équipe qui gagne. Le super-groupe Flying Colors est fidèle à son principe : réunir des noms (très) connus pour proposer des titres aux colorations progressives portés par un chant aux accents pop, une manière de transmettre au plus grand nombre une musique plus sophistiquée que le mainstream. Et ça fonctionne : le projet initié en 2008 par le producteur Bill Evans aboutit quatre années plus tard avec la sortie d’un premier album acclamé par la critique. Aux instruments, un quartet de rêve, Neal Morse (Spock’s Beard, Transatlantic), Mike Portnoy (Dream Theater, Transatlantic), Dave Larue (Dixie Dregs, Joe Satriani, Steve Vai) et Steve Morse (Dixie Dregs, Kansas, Deep Purple). Au micro, un nom proposé par Portnoy et issu de Disney Hollywood Records (!), Casey McPherson, qui en plus de son background de chanteur, possédait une solide expérience de compositeur et instrumentiste. Après deux albums studio et deux live, voici donc "3rd Degree" qui reprend exactement les mêmes recettes.
Mêmes ingrédients, même résultat : d’emblée la maîtrise du groupe s’installe comme une évidence, avec des mélodies accessibles, une production claire et dynamique et une maestria instrumentale souveraine. Chaque instrument est mis en valeur, les claviers de Neal Morse ('The Loss Inside', 'Crawl', 'More'), la guitare de Steve Morse ('Geronimo’, 'Crawl’), la basse de Dave Larue ('Guardian'), et tout au long la batterie de Portnoy qui a su ici se faire discrète (et efficace, naturellement). Avec son placement pop, Casey McPherson apporte une belle fraîcheur qui n’oublie pas la précision ('You Are Not Alone'). Un sans-faute attendu du côté interprétation, donc.
Côté composition, il était à craindre que Neal Morse phagocyte le style, mais, comme dans les parutions précédentes, il n’en est (presque) rien, chacun apportant sa pierre pour un ensemble très bien fondu. Il n’y a guère que sur 'Cadence' et sur 'Last Train Home' que le style de Neal transparaît de façon évidente, mais différentes réminiscences se font jour, du Dream Theater soft ('More') à Kansas ('Last Train Home' - amusant quand on sait que Kerry Livgren avait été pressenti pour faire partie du projet !). Sur les morceaux les plus longs, qui sont sans surprise les plus complexes, les parties s’imbriquent avec évidence, intercalant du scat ('Last Train Home'), des chœurs 70’s ('Love Letter' au shuffle sympathique), et beaucoup de touches progressives (reprises de thèmes, soli, breaks…) naturellement issues du parcours des protagonistes. Le seul titre relativement faible est la ballade (passage obligé) 'You Are Not Alone', bien rattrapée par l’envolée finale de guitare.
Efficacité, variété, virtuosité, insolente facilité, il manque tout de même à cet opus, qui est assurément à mettre entre toutes les mains, le plus qui fait la différence : "3rd Degree" manque un peu de cette âme qui fait les grands albums. Mais quelle leçon de maîtrise à tous les niveaux !