Après avoir amusé la planète en 2015 avec un surprenant mélange de J-pop et de black metal, le soufflé Babymetal était retombé de haut avec un second album bien trop caricatural pour être digne d'intérêt. Les trois adolescentes sont de retour avec "Metal Galaxy" leur troisième effort, album encore plus ambitieux et tout juste sorti cet automne.
Véritable phénomène au Japon et gloire nationale, les trois Nippones, accompagnées de musiciens de talent mais anonymes, peinent à trouver leur public en Europe. Car, passés la surprise et l'amusement de la découverte, l'univers de Babymetal a bien du mal à passionner le public occidental en raison principalement d'un ancrage culturel japonais ultra-présent dans sa musique et son univers artistique.
La conquête du monde lui impose une ouverture musicale, évidente sur cette dernière production et nécessaire pour intéresser un public plus large que celui des mangas et autres amateurs de j-pop musclée. Cette ouverture passe donc aujourd'hui par l'apport de nombreux guests, servant à légitimer tant bien que mal le projet, tels que Alissa White-Gluz (Arch Enemy), Joakim Bröden (Sabaton), le rappeur thaïlandais F.hero, Tim Henson et Scott Lepage (Polyphia) et Tak Matsumoto, guitariste de rock japonais.
Jouant ostensiblement sur la variété pour ratisser large, les trois (plus si juvéniles que ça) chanteuses basent toujours l'essentiel de leurs compositions sur des rythmiques endiablées, des synthés électro à la Amaranthe très présents, des riffs saccadés aux sonorités indus sur des mélodies japonisantes. Ainsi 'Pa Pa Ya!' rappellera le premier album, tout comme 'Da Da Dance', hits en puissance dans le pur style Babymetal. La diversité est apportée par la présence des guests avec une Alissa White-Gluz égale à elle-même sur un 'Distortion' frénétique où les growls de la belle Canadienne s'intègrent habilement au power metal du morceau. Joakim Broden intervient, quant à lui, sur un étrange 'Oh! Majinai' à l'accent pagan/médiéval original et entraînant. L'une des belles surprises de l'album malgré un gimmick répétitif.
Au rayon diversification, vous reprendrez bien un peu de chant en anglais ? Celui-ci est bien plus présent sur cet album avec 'Elevator', 'Shine' et 'Brand New Day'. Ce dernier titre, qui voit les membres de Polyphia lui donner une belle couleur metal AOR et un son délicieusement rétro, est assez réussi d'un point de vue vocal et mélodique. Quant à 'Shanti Shanti Shanti', il lorgne avidement sur le marché indien avec son univers musical typique.
La seule vraie surprise vous attrapera en fin d'album avec 'Shine', véritable morceau progressif au développement mélodique épique et à l'orchestration soignée, suivi d'un 'Arkadia', pur power prog aux rythmiques frénétiques et au solo final étourdissant. Et une claque, une !
Avec beaucoup plus de variété (dans tous les sens du terme), Babymetal affirme ses ambitions planétaires. Les trois gamines ont grandi et avec elles leur appétit de succès. C'est bien sûr au détriment du death metal des débuts que l'on retrouve quand même de 'BxMxC' à 'Starlight'. Pour le reste, exit les riffs syncopés et le brutal contraste metal vs j-pop. Le tout se lisse et s'épaissit au niveau créatif, mais l'impression d'éparpillement désoriente l'auditeur au point de ne pas bien savoir à quoi il vient d'assister. Il faudra plusieurs écoutes (pour ceux qui en sont capables) pour que chacun y trouve ce qu'il aime et apprécie ce "Metal Galaxy" dont la diversité saura sans aucun doute toucher tout amateur de musique par au moins deux ou trois titres. Difficile de tout aimer mais impossible de tout détester.