Cela fait 37 ans que le germanique bassiste Matt Sinner
nous propose des albums de sa formation phare. 18 albums au compteur,
voilà qui en impose. "Tequila Suicide" nous avait laissés sur notre
auguste postérieur en 2017. Le petit dernier, "Santa Muerte" va-t-il à
nouveau malmener nos charnues assises ? Ce rythme effréné d'un
album tous les deux ans, couplé avec les sorties des opus issus des
autres combos et projets du Monsieur (Primal Fear, Kiske/Sommerville,
Silent Force, Voodoo Circle), va-t-il finir par tarir la source
d'inspiration du blondinet quinquagénaire ? Pour le savoir,
suivez le guide.
Ceux qui connaissent Sinner savent que la particularité
du combo est de proposer des titres de heavy rock allemand associés
à des morceaux qui montrent avec évidence l'attachement de son
leader à Thin Lizzy. Aussi ce n'est pas avec l'entrée en matière
de l'album - un riff à la Accept - que les adeptes tomberont des
nues à l'écoute de 'Shine On'. En fait, ils devront attendre
précisément 43 secondes pour cela. Un peu moins d'une minute avant
que Giorgia Colleluori n'entre en scène pour pousser la ritournelle.
L'idée d'un mélange de disque plane fugacement sur la mine
circonspecte de l'auditeur, avant de s'évanouir. Sinner s'est bien
féminisé sur ce "Santa Muerte". En partie en tous cas puisque Matt
épaule la demoiselle sur ce titre et sur cinq autres, dont 'Last Exit
Hell' (belle baffe ma foi) et 'The Wolf' (bien moins emballant) calqués sur le style du
premier titre susmentionné.
De
Thin Lizzy il est question dés le second morceau, un 'Fiesta Y Copas' qui met de bonne humeur et où Matt et Ronnie Romero (le nouveau
chanteur de Rainbow) s'asticotent au micro (Giorgia assurant les
chœurs). Le combo de Lynott revient nous rendre une petite visite
sur 'What
Went Wrong', aidé en cela par l'organe vocal de Ricky Warwick, le chanteur de Black Star Riders, le combo descendant de Lizzy. C'est
le cas également, grâce aux guitares, de 'Lucky 13' auquel on
préférera le trépignant et fort irlandais 'The Ballad Of Jack' et
l'accrocheur - et non moins irlandais sur le break, l'intro et l'outro
- 'Stormy Night' où Matt et Giorgia vocalisent.
Matt
sait également se débrouiller seul au micro et met ainsi en vedette 'Carving' - qui aurait fort plu une fois de plus au regretté Phil Lynott -
et 'Santa Muerte' (le titre éponyme), petite pépite mélodique.
Giorgia s'essaye également aux trilles solitaires sur deux blues. L'un reposant, une
reprise du bluesman Son House, avec 'Death Letter' (Magnus Karlsson est à la guitare), et un plus mordant
avec 'Mysty Mountain'. Deux titres de cette obédience musicale dans un opus de Sinner laissent finalement dubitatif : il n'est pas certain que la variation des plaisirs soit le leitmotiv des suiveurs de l'Allemand à la quatre cordes.
En
conclusion nous retiendrons de ce nouvel album de Sinner qu'il
contient une bonne brassée de morceaux marquants rappelant Thin
Lizzy et quelques titres de heavy rock allemand qui pourront plaire
aux amateurs. Les fans de la bande de Lynott trouveront que les
premiers ne sont pas présents en assez grand nombre et les
adorateurs des sons germaniques n'en penseront pas moins sur leurs préférences. De là à
dire que "Santa Muerte" n'arrive pas à atteindre les sommets de "Tequila Suicide", il n'y a qu'un pas que bon nombre seraient
susceptibles de franchir.