Deux années après “Dear Desolation”, quatre années après l’excellent “Holy War”, les Australiens de Thy Art Of Murder publient “Human Target” qui oscille entre colère intense, massacre vibratoire et thématiques sans compromis. Même si Lee Stanton (batterie) a laissé sa place à Jesse Behealer (Fraud, Nightfire) venu d’un monde plus death, la violence reste le point d’ancrage du groupe. Musique agressive et massacres musicaux sont la marque de fabrique de ces artistes de l’épouvante dont la diatribe vise les diverses formes de violence sociale. Fort heureusement, au-delà de cette fureur, plus loin que cette terreur, persiste l’art du groove.
Dès les premiers accords de ‘Human Target’, une colère proche de Carnifex ou The Faceless se déverse : riffs tranchants, batterie suffocante, chant acide tel un crachat lancé au ciel. ‘Make America Hate Again’ est un pamphlet contre les divisions orchestrées par les élites qui jouent aux dés avec les peuples pour assouvir un désir de pouvoir. Néanmoins sa forme est assez classique, même si quelques breakdowns permettent de se gaver des ondes vibratoires qui transpercent le corps. ‘Atonment’ poursuit dans une veine presque post-djent, puis évolue vers une version rapide et aiguisée d’un death digne de Carcass ou Aborted.
‘Death Squad Anthem’ dévoile beaucoup de groove alors que d’autres pistes n’ont pour but que d’écraser l’auditeur. Même si le riff est classique, il est une sorte d’uppercut qui coupe le souffle. Un vent de révolte balaye ‘New Gods’ qui franchit une étape de plus vers la colère. ‘Eternal Suffering’ est quant à lui presque symphonique et black, perturbant les habitudes par son ambiance glauque.
Au milieu d’une déferlante de violence, la mélodie est présente dans le chant qui propose des variations ou dans les guitares dont les riffs harmonisés émergent de ce maelström. ‘Welcome To Oblivion’ débute par des arpèges dépouillés, puis érige une intensité brûlante qui fait naître des papillons dans l’estomac. Enfin ‘Chemical Christ’ rappelle Fear Factory quand il superpose des ambiances glaciales, des nappes désincarnées, une guitare lourde et une mélodie incantatoire.
Thy Art Is Murder apporte un peu de raffinement dans des doses de brutalité, un peu de blanc dans beaucoup de noir, un peu de douceur dans beaucoup de terreur. “Human Target” touche le cœur lorsqu'il cloue les idoles et malmène les faux prophètes. Même si les compositions semblent classiques, leurs qualités et la production royale rendent cet album percutant, alors que sa violence remue les consciences.