Un
des dieux nordiques est de retour ! Eclipse, combo suédois qui
fête ses vingt ans cette année, émerge du silence dans lequel il
était plongé depuis deux ans et la sortie de son "Monumentum", une
des grosses baffes de 2017. Le septième fils des hommes des contrées
froides a pour nom "Paradigm". Un paradigme est en quelque sorte un
exemple, un modèle. A lui seul ce titre fait saliver.
Alors ne tardons pas, partons à sa découverte.
Le groupe d’Erik Märtesson n'a pas bougé d'un iota depuis la dernière
ode du combo. Cependant, notons que le bassiste Magnus Ulfsted vient
d'annoncer qu'il quittait ses petits camarades. A l'écoute du
tonitruant 'Viva La Victoria' qui ouvre l'album on se dit que
l'inspiration n'a pas, pour sa part, déserté la formation. Ce
titre, diaboliquement addictif, est l'exemple même de ce qu'un combo
de hard rock mélodique doit réunir pour faire se lever les foules.
Riffs imparables, rythme haletant, batterie entraînante et refrain
qui galvaniserait un paresseux dépressif. Combattant dans l'esprit,
cet hymne fleure la testostérone à plein nez.
Ne
souhaitant pas s'attirer les foudres de la gent féminine, Escape
positionne dans sa continuité un morceau qui met une femme à
l'honneur avec le bondissant 'Mary Leigh'. Militante politique et
suffragette britannique, elle lutta pour les droits des femmes au
début du siècle dernier. Ici aussi, la mélodie est d'impact
immédiat. 'Blood Wants Blood' à sa suite reste dans une thématique
combative et demeure volontairement addictif dans sa conception
mélodique. Une fois de plus le savoir-faire du combo en la matière
laisse des traces indélébiles dans nos récepteurs sensoriels.
Il
est temps pour Eclipse de jouer la carte de la mélancolie avec un
mid-tempo qui fleure bon sur son refrain les ambiances ethniques
développées par Dare, le groupe de Darren Wharton, l'homme aux
claviers du regretté Thin Lizzy. Malins, les Suédois alpaguent ensuite
l'auditeur avec un titre évoquant la nécessaire union des hommes
lorsque les vents sont contraires. 'United', à propos duquel Eclipse
avoue avoir eu quelques intentions politiques, est un morceau posé
qu'il est difficile de ne pas entonner. La mission est alors remplie,
les auditeurs suivent ici le groupe comme un seul homme.
Pour
la suite, les Suédois flirtent avec W.E.T. sur le fort réussi 'Delirious' et
ses chœurs bien sentis, se font nostalgiques sur le deuxième mid-tempo 'When The Winter Ends' où reviennent les effluves celtiques précitées
et se la jouent plus speed sur '38 or 44' qui offre une fois de plus, au
cœur de ses guitares musclées, un refrain qui galvanise. On croit
ensuite à la ballade avec l'ouverture de 'Never Gonna Be Like You',
mais le groupe fait rapidement parler la poudre et nous balance un
des meilleurs refrains de l'album associé à quelques who oh oh
bien connus du combo.
Les
deux chapitres finaux de l’œuvre nous proposent un 'Masquerade' qui
mérite les lauriers du morceau le plus heavy de l'objet, et
possiblement du refrain le plus aguicheur de fosse de l'ensemble, et un 'Take Me Home', troisième mid-tempo à nouveau traversé de
mouvements rappelant Dare et perclus d'élégances dantesques. Sonnez
trompettes, résonnez violons, la messe est dite et ce point d'orgue
donne l'onction à l'auditeur de ce "Paradigm" en le laissant bouche bée.
Eclipse
a réalisé la performance de donner un successeur aussi
irréprochable que lui au béni "Monumentum". Voilà assurément de
quoi permettre désormais aux Suédois, qui commencent à empiler un
nombre conséquent d'opus irréprochables, d'être adoubés comme
chefs de file du hard rock mélodique européen.