Après 20 ans d’existence et 4 opus de qualité, Steel Panther avait fini par chuter avec un "Low The Bar" (2017) pour le moins moyen et clairement en pilotage automatique. Prêt à se ressaisir et à reprendre sa marche en avant, le quatuor enregistrait un nouvel opus, sauf qu’une fausse manipulation provoquait la perte de tous les titres saisis en studio et obligeait les Californiens à tout réenregistrer. Il y avait donc de quoi s’inquiéter face à un tel enchaînement d'événements négatifs. Avec son titre ("Heavy Metal Rules"), le nouvel album pousse à se demander si le quatuor n’est pas désormais allé butiner sur les terres d’un Manowar avec lequel il ne partageait jusqu’à présent qu’un respect tout relatif de la gent féminine.
Mais que les fans des Kings Of Metal et ceux des glameurs de Los Angeles se rassurent : chacun reste à sa place et ce n’est pas encore cette fois que Michael Starr & Cie enfileront les peaux de bêtes. Cependant, avec ce "Heavy Metal Rules" ils retrouvent puissance et énergie et offrent enfin un nouveau recueil d’hymnes à hurler en live. Le nouvel opus est lancé par ‘Zebraman’ qui est un extrait d’un documentaire des années 80 dans lequel un headbanger en met pour leur grade au mouvement punk et à Madonna avant d’annoncer que "Twisted Sister, Judas Priest, Ozzy, Scorpions, they all rules ! ". Et c’est parti pour une alternance entre titres festifs aux refrains imparables et colorés (‘All I Wanna Do Is Fuck (Myself Tonight)’, ‘Fuck Everybody’…) et pièces plus heavy mais tout autant accrocheuses (‘Let’s Get High Tonight’, ‘I’m Not Your Bitch’, ‘Heavy Metal Rules’).
Au milieu de ce déferlement de riffs incendiaires se glissent deux titres jouant sur le contraste entre couplets calmes et refrains catchy (‘Always Gonna Be A Ho’ et ‘Gods Of Pussy’) avant que ‘I Ain’t Buying What You’re Selling’ ne vienne surprendre tout le monde avec son ambiance acoustique et ses paroles sérieuses et engagées. Ce déferlement de pièces rutilantes rend difficile d’en retirer une parmi les autres tant les qualités sont variées. En revanche, elles viennent rappeler que derrière l’humour potache et salace des quatre permanentés se cachent de sacrés musiciens qui n’ont rien à envier à certains shredders à l’ego démesuré et autres batteurs préférant la démonstration à l’intérêt du titre interprété. De son côté, Michael Starr s’affirme de plus en plus comme le successeur de David Lee Roth pendant que les soli de Satchel se font lumineux et offrent un feeling très personnel.
Après la déception provoquée par "Low The Bar", Steel Panther s’est rappelé qu’il fallait faire les choses sérieusement, surtout quand on ne se prend pas au sérieux. Le résultat est imparable avec un opus varié, efficace, traçant la route des premiers albums du groupe tout en faisant évoluer le son du quatuor grâce à l’utilisation discrète mais efficace de claviers intelligents. Quand il est maîtrisé à ce point, l’art de la caricature prend toute son envergure et provoque un sentiment de bien-être qui fait oublier la honte qui devrait envahir l’auditeur à l’écoute de paroles qui rendent le second degré obligatoire.