INVENTIONS: Logica (ROCK PROGRESSIF,Rock Atmospherique) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Régulièrement, un groupe ou chanteur se lance dans un "projet" ambitieux qu'il envisage sur plusieurs albums, un fil directeur, une fresque, une trilogie, tétralogie ou plus si affinités. Souvent ces projets s'évanouissent dans la nature, leurs créateurs ayant compris que l'idée n'était pas si bonne que ça ou étant tout simplement passé à autre chose. Dans d'autres cas, l'artiste s'obstine dans son concept à produire des albums de plus en laborieux, au risque de perdre en chemin une partie de son public.

Avouons-le, nous craignions fort qu'Inventions, side-project de Christiaan Bruin (Sky Architect, Chris), ne s'égare dans l'une de ces deux voies tant l'idée suivie par l'artiste (voir les chroniques précédentes) nous semblait risquée et la cadence difficile à tenir. Pourtant, au fil des albums, force est de reconnaître que le projet tient la route, Christiaan Bruin réussissant à introduire à chaque nouvelle livraison une petite dose d'innovations qui relancent l'intérêt de l'auditeur.

Ainsi, même si le style reste facilement identifiable, "Logica" se distingue de ses prédécesseurs par une plus grande complexité, tirant plus sur un versant prog là où "Meta" faisait valoir son atmosphérique post rock et "Curiosity" une pop teintée de new wave plus accessible.

Les trois premiers titres constituent une excellente entame : derrière le solaire et cyclique 'Platonics' dont la brièveté évite la lassitude arrive l'immense titre éponyme, pièce maîtresse du disque. Après une juxtaposition de petites pièces unies entre elles par la même atmosphère contemplative et mélancolique, le titre bascule dans le progressif à partir de la cinquième minute où les thèmes s’enchaînent de façon fluide et naturelle, les interventions au sax de Théo Travis rappelant celles d'un certain David Jackson au sein de Van der Graaf Generator. 'Mind of God' clôt magnifiquement la trilogie, répétition de solos de guitare intrigants et de passages chantés, faisant penser par certains côtés au travail de Steve Hackett ou au King Crimson mélodique.

Malheureusement, l'album marque un temps d'arrêt avec le dispensable et répétitif 'Beholder's Eye' et ne retrouve pas la magie sur les trois derniers titres même si ceux-ci délivrent encore quelques passages de toute beauté. Par ailleurs, la volonté d'utiliser presque systématiquement une narration à la voix déformée par les effets de micro (les quatre derniers titres utilisent ce procédé, la narration faisant également son apparition au cours du deuxième titre et plusieurs fois sur le dernier – un truc déjà utilisé dans "Meta") et de recourir régulièrement à des thèmes cycliques modulés sur tous les tons finissent par donner une impression de déjà-vu un peu agaçante.

Néanmoins la qualité indéniable d'écriture et quelques trouvailles parfois surprenantes permettent de faire passer un très bon moment. Et surtout l'album est magnifié par les interventions savoureuses et magistrales de Théo Travis au sax et à la flûte, venant enrichir un "Logica" plus sombre et plus ambitieux que ses prédécesseurs.

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