Vitriol est une formation américaine, composée d’ex membres de Velaraas, Logistic Slaughter et Arkaik, qui répand des vapeurs moites d’ultra-violence et de terreur musicale. Après un EP “Pain Will Define Their Death” bien accueilli par la critique, elle propose “To Bathe from the Throat of Cowardice”, un bouillon acide et brûlant. La musique de Vitriol penche donc du côté des ambiances sonores de Suffocation, Pestilence, Dismember et Morbid Angel.
Dès ses premiers instants, ‘The Parting of a Neck’ explose dans les oreilles, faisant naître des sueurs froides. Mais résumer la formation à cette violence évidente ne saurait lui rendre justice, car le groupe forge une complexité digne de Suffocation : riffs multiples, rythmes variés, accélérations constantes et interventions solitaires qui percent les tympans à la manière de Morbid Angel ou Mortification. Le groupe va chercher ses harmonies étranges et déroutantes dans des lieux où la beauté surgit de la dissonance, du chamboulement et de l’absence de mélodie évidente. ‘Crowned In Retaliation’ poursuit dans la même veine, même si le climat est dorénavant plus pesant alors que le rythme s'apaise. Les phrases de six-cordes giclent dans les tympans, parfois masquées par les accords omniprésents et démultipliés ou les trépidations de batterie. ‘Legacy of Contempt’ et ‘I Drown Nightly’ sont du même acabit, si bien qu’une certaine lassitude peut se faire sentir après quelques titres, comme une impression d’uniformité qui inonde les oreilles. ‘The Rope Calls You Brother’ fait ensuite monter l’angoisse, car même s’il veut d’abord calmer le jeu, la suite démontre rapidement le contraire. Un élan presque progressif souffle sur ‘Pain Will Define Their Death’ aux évolutions multiples, variées et pleines de surprises. ‘Violence, a Worthy Truth’ ou encore ‘Hive Lungs’ sont proches d'Abnormality par leur “extrémisme extrême”, ils sont aussi des rouleaux compresseurs qui cajolent la chair par une volonté progressive affirmée, tout en l'éclatant avec ses coups de boutoir meurtriers.
“To Bathe from the Throat of Cowardice” est un album implacable, baigné d’acide, à ne pas mettre dans toutes les oreilles. Mais au fond de l'abîme sombre de la musique de Vitriol surgit une douce lueur qui extirpe l’opus de sa gangue, une sorte de volonté progressive, ou du moins une envie de progresser vers un ailleurs musical difforme et violent.