COCOON: Wood Fire (POP) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Cocoon a rencontré, une fois n'est pas coutume, un énorme succès dès le premier album "My Friends All Died In A Plane Crash", porté par les tubes devenus planétaires (rare pour un groupe français hors electro !), 'Chupee', mignon mais au texte à double sens... (lire l'interview pour en savoir davantage) et 'On My Way'. Le duo formé par Mark Daumail et Morgane Imbeaud naviguant dans une pop soyeuse teintée de folk (proche d'un Tom McRae - période "Just Like Blood") a su se forger une reconnaissance publique et critique grâce à ses qualités combinées de songwriting et d'interprétation parfois mutine et sensible.

Cependant la vie a fait que les deux âmes artistiques se sont séparées après le deuxième album sorti en 2010 ("Where The Oceans End") et une tournée ayant conduit à une mise entre parenthèses du projet. Morgane en a profité pour sortir ses propres projets et Mark pour avoir un petit garçon avec son épouse. Une naissance est un événement joyeux qui marque à jamais la vie des parents mais dans ce cas la joie était teintée d'une forte inquiétude puisque l'enfant est venu au monde avec une malformation cardiaque (aujourd'hui tout semble heureusement être rentré dans l'ordre). Comme pour tout parent vivant ce genre de drame, le couple est passé par différentes phases entre dépression, espoir... mais il a tenu bon quoi qu'il arrive pour ce petit être qui se battait pour sa (sur)vie. Alors quoi de mieux pour un chanteur que d'exorciser ses angoisses, ses états d'âmes, apaiser ses peurs... en l'exprimant dans un album. C'est ce qu'a fait Mark avec "Welcome Home" (2016) dédié à son enfant. Ayant contacté Morgane peu avant, celle-ci a humblement décliné l'invitation, estimant le projet beaucoup trop personnel pour qu'elle puisse l'interpréter. Qu'importe, Mark s'est chargé de l'exprimer, reprenant à son propre compte Cocoon avec l'aval de Morgane.

Trois ans après, le projet revient avec "Wood Fire" qui est le pendant du précédent en étant cette fois-ci entièrement dédié à l'épouse de Mark et plus largement au(x) couple(s). Après ces épreuves dont on ne ressort pas entièrement indemne même si le couple apparaît soudé, le compositeur-interprète a voulu cet album comme un nouveau départ pour cette histoire d'amour renforcée. Toutefois, il s'est chargé ici uniquement de la musique, confiant les textes à différents auteurs rencontrés au fil de ses voyages, auxquels il a raconté son histoire. Si on peut y voir une certaine impudeur de sa part, le résultat en est étonnant de sobriété. L'album baigne toujours dans une pop folk caractéristique d'apparence à la fois naïve, nostalgique, apaisée.

'Spark' ouvre les réjouissances pour rentrer dans cette histoire en soufflant sur les braises d'une vie de couple proche de l'extinction afin de raviver la flamme qui fera renaître le feu de l'amour. Le ton est toutefois relativement grave, ne sachant pas si ce rêve de renaissance pourra être possible. Les accords sont sur la réserve, traduisant ce doute. Mais très vite, comme un adolescent enflammé par une petite ouverture entrevue, une brèche ouverte inespérée dans la carapace de l'être chéri, l'optimisme revient de plus belle avec 'Back To One' explicite avec des chœurs féminins (Clou et Philippine Poure) qui apportent un relief singulier. L'atmosphère est plus joyeuse et donne une envie de taper du pied en rythme et de sourire. L'auditeur est ainsi bercé entre une douce mélancolie ('Colors') et des mélodies remplies de candeur avec le sautillant 'Sun' à la mélodie très californienne. Les auteurs (qui écrivent pour Diplo, Rihanna, Beyoncé...) ont su s'adapter aux musiques composées par Mark et à son vécu. L'un des plus beaux titres de l'album demeure la soyeuse ballade folk 'I Got You' avec des claviers et son mellotron qui apportent plus de relief à Cocoon, chose relativement nouvelle pour être soulignée. Les rythmes parfois électroniques et les touches synthétiques sont plus présents que sur les précédents albums sans pour autant heurter, apportant ainsi une touche de modernité au propos ('Shadow').

Avec cet album, sorte de parcours d'une (re)conquête de l'être aimé, Mark Daumail ne pouvait rêver mieux comme déclaration d'amour à son épouse. Le manque de pudeur s'estompe face à la sincère démarche de son auteur et par son histoire qui pourra toucher certainement plusieurs de nos lecteurs. Mark ne court pas après le tube du moment mais compose une musique empreinte d'authenticité qui fait du bien, teintée d'une paradoxale positive mélancolie, d'une joie mesurée car une relation amoureuse peut être fragile, se cultivant comme un feu de bois. Tout ceci fait de "Wood Fire" l'album de cette fin d'été, voire plus.

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