En 2018, les Danois de Baest avaient créé la surprise avec un album bestial (“Danse Macabre"), un concentré de terreur qui hissait la formation au rang de grand maître es-death. Cette dernière fait à nouveau tomber une pluie de cendres et de feu avec “Venenum”, album à la musique évidemment... b(a)estiale.

Car Baest joue une musique teigneuse, brutale, faite de guitares intenses, d'une voix surgissant du néant et d'une batterie comparable au pas pesant d'un mastodonte. Ainsi ‘Gula’ propose un tempo écrasant et étouffant né chez Obituary ou Wombbath. Quant aux lignes vocales rêches, elles rappellent les tourments suscités par Nigthrage ou Bloodbath. ‘Styx’ dévoile des arpèges limpides qui renforcent le malaise alors que ‘Empty Throne’ et ‘No Guts No Glory’ arpentent des territoires à la limite du thrash et que ‘Vitriol Lament" déverse une rivière de battements primaux, un cri surgissant du néant, la batterie assommant l’auditeur sous ses blasts tandis que la six-cordes est brutalisée jusqu'à l’extrême.
 
La mélodie est le point central de l'album : lorsque ‘Nihil’ éparpille les lambeaux de brume, c'est avec des harmonies désincarnées dignes de Suffocation; quand ‘Vitriol Lament' affiche une ligne mélodique, ce sont des harmonies étranges qui résonnent, si ‘As Above So Below’ offre une mélopée dépouillée, elle l'enveloppe d’obscurité et d’une lumière blafarde. Ce sont aussi des airs malsains qui font chavirer le cœur des adorateurs de l’ombre.

“Venenum” propose une musique intense, violente, aux rythmes trépidants et aux soubresauts erratiques. La grâce du disque brille ainsi sur chaque instant, sur chaque seconde pleine de vie, de bruit et de fureur... Alors même si Baest semble avoir perdu en spontanéité, sa musique est toujours aussi brutale et ses litanies b(a)estiales sont autant de cris désespérés à la beauté insolite.