C’est un triste fait mais Michael Monroe reste un artiste ne bénéficiant que d’une reconnaissance polie dans l’hexagone. Réputé à l’international, cité comme principale influence de formations légendaires telles que Guns’n’Roses ou Mötley Crüe pour ce qu’il a apporté avec Hanoi Rocks au monde du Hard et du Rock en général, il est carrément un dieu vivant dans sa Finlande natale. Pourtant, après 40 ans de carrière et une dizaine d’albums solo, le frontman ne retient l’attention que d’une frange d’initiés en France. Avec son onzième méfait discographique intitulé "One Man Gang", il est à souhaiter que les choses changent tant cette ignorance franchouillarde est insupportable.
Toujours épaulé par un line-up fidèle composé du bassiste Sami Yaffa avec qui il jouait déjà au sein de Hanoi Rocks, des guitaristes Steve Conte, ex New York Dolls également aux côtés de Sami Yaffa, et Rich Jones (ex Ginger Wildhearts) et du batteur Karl Rockfist (ex Danzig), le blondinet permanenté a de nouveau enregistré cet opus à domicile, dans le E-studio de Sipoo, en compagnie du producteur Petri Majuri. Et comme le bonhomme est honnête et adepte du travail en équipe, il n’hésite pas à signaler que la plupart des titres ont été composés par Rich Jones et Steve Conte, ces derniers ayant, selon lui, apporté un matériel de qualité supérieure à ses propres compositions. La classe, n’est-ce pas ?
Alors à quoi s’attendre avec ce "One Man Gang" ? A des brûlots punks classiques pour Mister Monroe dans un premier temps. Le titre éponyme lance d’ailleurs les hostilités sur ces bases directes et accrocheuses avec en plus un solo signé par un invité de marque, à savoir Captain Sensible (The Damned). Le temps de compter ses dents tombées au sol qu’il faut encaisser le sleaze énergique de ‘Last Train To Tokyo’ suivi du puissant et ferroviaire ‘Junk Planet’ avec sa basse pachydermique. A ce rythme, l’achat d’un dentier complet semble inévitable, mais heureusement, le quintet a pitié de nos râteliers et sait également faire preuve de mélodie avec quelques mid-tempo aux accents de neo-punk mélancolique. Dans le genre, ‘Midsummer Nights’ ou ‘In The Tall Grass’ tiennent parfaitement la route. Intercalés, ‘The Pitfalls Of Being An Outsider’ et ‘Black Ties And Red Tape’ viennent à nouveau tester la résistance de nos mâchoires, mais la fin de l’opus se déroule sur des bases plus moelleuses mais non dénuées d’accroche. A noter au passage un ‘Heaven Is A Free State’ enrichi par la trompette de Tero Saarti et donnant à ce titre des couleurs latinos chatoyantes.
Si certains pourront interpréter cette série finale de titres plus calmes comme une baisse d’intensité, nous y verrons plutôt une confirmation de la variété d’ambiances dont est capable Michael Monroe, tout en réussissant à toujours donner une accroche importante à chaque titre. C’est peut-être cette approche plus mélodique qui permettra d’ailleurs à l’artiste de trouver son public en France. En attendant de savoir quel sera l’accueil que recevra cet opus en hexagone, nous ne pourrons que vous encourager à vous repaître de ce festin mariant variété, énergie, mélodie, accroche et intégrité. Que demander de plus ?