Si ses deux albums parus au début des années 80 semblaient l’avoir installé comme un concurrent de Guns’n’Roses et Skid Row, il faut bien reconnaître que cette réputation n’a eu que peu d’échos en France, ce qui explique l’anonymat dans lequel se trouve Spread Eagle dans l’Hexagone. Autant dire qu’après sa séparation en 1995, la reformation du quatuor en 2006 en a laissé plus d’un dans l’indifférence la plus totale. Signée chez l’incontournable Frontiers, la formation US menée par deux de ses membres d’origine, Ray West au chant et Rob De Luca (UFO, Sebastian Bach) à la basse, offre, 26 ans après, un successeur à "Open To The Public" (1993). Quel intérêt trouver à cette offrande discographique noyée au milieu des reformations de toutes sortes proposées par le label italien ?
Il y a d’abord son concept original qui consiste à proposer ses 11 titres comme autant d’étapes d’un voyage au cœur du métro new-yorkais. Débutant et se clôturant sur des sons tirés de ce lieu, "Subway To The Stars" fait preuve d’une certaine variété dans les tempi tout en gardant une ambiance cohérente, le tout bénéficiant d’une production hyper puissante concoctée par le multi-grammy-awardisé Tom Camuso. Lancé par le gros riff du titre éponyme, le voyage se termine en douceur aux accents acoustiques de la ballade ‘Solitaire’ après s’être déroulé sur un tempo assez élevé trouvant ses pics sur des titres aux accents punkisants (‘Grad Scam’, ‘Antisocial Butterfly’) cinglants comme des paires de baffes assénées par les meilleurs catcheurs américains. La plupart des morceaux bénéficient de soli de grande classe dégainés par la révélation Ziv Shalev et quelques refrains font office d’accroches imparables comme sur le puissant modern-hard-rock de ‘29th Of February’, l’énergique single ‘Sound Of Speed’ ou un ‘Little Serpentina’ aux accents grungy.
Voilà quelques atours qui encourageront à poser ses pavillons auditifs sur cette galette qui ne pourra cependant pas espérer concourir au titre d’album incontournable de l’année. En effet, et c’est relativement surprenant pour un opus qui varie cependant les ambiances, l’ensemble fait preuve d’une certaine linéarité essentiellement provoquée par le chant d’un Ray West marqué par les années. Celui-ci chante juste et bien et est encore capable de pousser quelques hurlements, mais son chant plus grave qu’au début du groupe manque malheureusement d’accroches. Ces dernières font également défaut à un opus qui ne possède que peu de refrains imparables ou de moments inoubliables en dehors de ceux cités précédemment et d’un ‘Dead Air’ heavy, sombre et puissant aux fortes couleurs proposées habituellement par les Finlandais d’Apocalyptica, la présence de cordes renforçant cette sensation.
Carré et ne souffrant pas de véritable faiblesse, "Subway To The Stars" n’exploite cependant pas suffisamment l’originalité de son concept et finit par perdre l’attention de l’auditeur dans les tunnels qu’il emprunte. Dommage car il ne manque pas de qualités, mais ces dernières sont insuffisantes pour rendre incontournable la reformation de ses géniteurs. S’il ne peut pas être considéré comme manqué, voilà un retour à l’intérêt limité.