Nous
n'avons donc pas eu à patienter sept ans derechef pour retrouver Unruly Child
avec un nouvel album à mettre sur nos platines. Le no man's land
entre les deux précédents opus n'a donc pas déteint sur la suite
des aventures de la bande menée par Marcie Michelle Free. "Big Blue World" est
le nom de baptême de ce septième bébé dont le progéniteur
affiche les vingt-huit printemps désormais. Ce chérubin
va-t-il être aussi "indiscipliné" - unruly dans la
langue de Shakespeare - que le nom de ses parents le laisse
entendre ?
Les Américains ont toujours œuvré dans la grande tradition des groupes de
hard rock mélodique tendance AOR teinté parfois d’élans west coast. Chez eux, aucun son résolument puissant donc, et surtout
rien de fondamentalement inventif mis à part peut-être l'album
précédent, "Can't Go Home", qui, par ailleurs, ne fut pas loin de
faire le plein question hits.
Nous
entamons donc ce nouvel opus avec quelques salivations de plaisir
espéré, et les affaires commencent plutôt bien avec une entrée en
matière revigorante et un 'Living In Someone Else’s Dream' où tous
les ingrédients du genre répondent à l'appel, mélodie brillante,
excellence des arrangements et, forcément, un refrain à classer
dans la catégorie "énorme". Et puis patatras, les
deux morceaux suivants, dont on ne retient pas grand-chose viennent
glacer l'ambiance. Et les montagnes russes ne font que débuter...
Comment
peut-on passer en effet d'un 'Breaking The Chains', sa belle guitare
acoustique et ses emprunts - vraiment proches - sur le solo à celui de 'Stairway To Heaven' de qui vous savez au classique, voire basique 'Are These
Words Enough' qui se la pète Toto avec son Hammond désuet et ses
prétentions bluesy ? Tout ça pour nous balancer ensuite un
uppercut avec la perle addictive 'Will We Give Up Today' et prolonger
le choc avec 'Beneath A Steady Rain', ballade pluvieuse où les ombres
de Dream Theater et de Queen virevoltent et s'entremêlent au son d'un piano d'une tristesse magnifique.
Mais
nous restons ensuite à la Foire du Trône et ses grands huit puisque 'The Harder They Will Fall', malgré son intro confiée au père
Churchill avec son discours de juin 40 déjà repris par Maiden sur 'Aces High' - on se dit du coup que ça va pulser -, ne nous fait
finalement pas monter le rythme cardiaque. Verdict, un titre
flatline : rien ne se passe. Tout comme son poursuivant 'Down And Dirty' qui laisse la
place à un final qui rappelle le bonheur ressenti aux prémisses de
l'album avec son titre d'ouverture. 'The Hard Way' achève ainsi
l'album aussi bien qu'il avait commencé.
Unruly
Child n'a donc pas réussi à maintenir les cadences infernales dans
l'usine à tubes qui généra "Can't Go Home". "Big Blue World" ne peut
ainsi que forcément décevoir. Toutefois, il contient suffisamment
de titres accrocheurs pour permettre à votre été et ses ballades
le coude à la portière de jouer les prolongations.