Ils sont légion, ces groupes qui, après avoir sorti un disque ou deux, disparaissent durant de nombreuses années et resurgissent subitement du passé, probablement tirés des abysses par un sentiment de nostalgie pour leur jeunesse enfuie. Tel est le cas de Roxy Blue, groupe américain formé en 1989 et qui offre vingt-sept ans plus tard un successeur à son seul album avant ce jour, "Want Some ?".
Comme pour souligner le fait qu'il s'agit d'une nouvelle vie, le disque porte sobrement le nom du groupe, un procédé généralement réservé au premier album, histoire de faciliter à force de répétition sa mémorisation par le potentiel consommateur ("Roxy Blue" de Roxy Blue chantant 'Roxy Blue', à force, ça rentre…).
"Roxy Blue" contient onze chansons sans fioritures, succession de couplets et de refrains laissant à peine la place à de courts ponts instrumentaux, réparties en deux groupes, l'un fait d'un hard rock musclé mais mélodieux, l'autre pure boule d'énergie crachant son agressivité dans une hargne proche du punk. Dans la première catégorie, on retrouve 'Silver Lining', énergique et convaincant, 'Collide', une ballade acoustique qui monte gentiment en puissance avec une voix éraillée sur le refrain qui n'est pas sans rappeler celle de Steven Tyler (Aerosmith), 'Blinders', pas désagréable mais mille fois entendu, au court passage instrumental pompé sur 'Kashmir', ou encore 'How Does It Feel' qui pourrait aisément passer sur les ondes FM.
Mais d'autres titres sont beaucoup plus agressifs et lourds : les mélodies sont délaissées au profit de la puissance pure, la voix est déformée et crie plus qu'elle ne chante, le son des guitares est sale, la basse rythme tous les temps et la batterie cogne comme un sourd : si 'Scream' alterne encore refrains mélodiques et couplets plus frustres, 'Outta The Blue', 'Til The Well Runs Dry' et 'Human Race' abandonnent toute recherche mélodique, tout étant prétexte à passage en force pour se défouler. Des morceaux aptes à plonger les adeptes de musiques dures en transe mais laissant tous les autres au bord du chemin.
Si la facette mélodique déroule un hard rock certes conventionnel mais plaisant, l'écoute des titres teintés de punk s'avère plus âpre et ne semble pas s'adresser au même public. "Roxy Blue" plaira néanmoins à tous ceux qui aiment avant tout se défouler en secouant tout ce qu'ils peuvent secouer sur des rythmes trépidants.