Après deux opus en compagnie de sa progéniture au sein de Phil Campbell & The Bastards Sons, voilà que le guitariste gallois est déjà de retour avec son premier album solo. Mais à quoi carbure l’ancien membre de Motörhead depuis la fin tragique du combo légendaire ? Alors que son ancien comparse Mickey Dee a choisi de se mettre au chaud derrière les fûts de Scorpions, Phil Campbell préfère enchaîner les albums comme des perles et pour cette première escapade sous son seul et unique nom, il a fait jouer son carnet d’adresses long comme le bras d’un pivot de NBA. La liste des invités de cet "Old Lions Still Roar" va en effet faire tourner plus d’une tête de headbanger. Mais nous reviendrons sur ce casting de rêve plus tard, non sans avoir au préalable prévenu nos lecteurs que les surprises ne vont pas manquer lors de la découverte de cette galette pour le moins savoureuse.
La première d’entre elles vient d’un ‘Rocking Chair’ qui ouvre les hostilités en format acoustique. Country-folk aux accents sudistes avec Leon Stanford (The People The Poet) au chant, voilà qui est osé pour ouvrir un album classifié dans le hard rock / heavy metal, mais qui a le mérite d’affirmer sans détour que Phil Campbell est libre comme l’air et qu’il n’a pas de comptes à rendre après une carrière durant laquelle il a largement fait ses preuves. La suite reviendra plus dans les clous du style musical, même si trois ballades se chargeront d'apaiser nos oreilles surchauffées par des titres privilégiant l’efficacité et la bonne humeur. Dans ce registre, les légendes se taillent la part du lion avec des hard rock’n’roll imparables. Rob Halford (Judas Priest) surprend son monde avec un ‘Straight Up’ bien nommé, Alice Cooper s’éclate sur un ‘Swing It’ à l’énergie communicative, alors que Dee Snider (Twisted Sister) mène le single ‘These Old Boots’ en compagnie de Mick Mars (Mötley Crüe) à la guitare et Chris Fehn (Slipknot) à la batterie. Attention, les cervicales vont être mises à rude épreuve !
La face sombre de l’album est constituée de trois titres plus heavy. ‘Faith In Fire’, interprété par Ben Ward (Orange Goblin), est lourd et groovy à la fois avec une seconde partie digne d’un certain Motörhead. ‘Walk The Talk’ voit Nick Oliveri (Queens Of The Stone Age) et Danko Jones lâcher les pitbulls pour un résultat aussi étonnant que cinglant. Enfin, ‘Dancing Dogs (Love Survives)’ est l’occasion de découvrir un Whitfield Cane (Ugly Kid Joe) à l’aise comme un poisson dans l’eau dans une pièce qui aurait pu faire partie de la discographie de sa formation d’origine.
Côté douceurs, le maître des lieux prouve qu’il sait également s’y prendre pour laisser parler des émotions plus délicates. Sur ‘Left For Dead’, Nev MacDonald (Skin) porte une ballade très US et gorgée de feeling. Plus étonnant, ‘Dead Roses’ voit Phil Campbell s’installer derrière le piano pour accompagner Benji Webbe (Skindred) le temps d’un titre poignant et plein de sensibilité. C’est également ce sentiment qui emplit l’instrumental ‘Tears From A Glass Eye’, qui vient clôturer cet ensemble sans faille avec Joe Satriani et voit les deux guitaristes privilégier l’émotion à la démonstration technique.
S’il nous arrive régulièrement de regretter le manque de cohérence de certains albums, il sera impossible d’en faire grief à cet "Old Lions Still Roar" tant son approche protéiforme multiplie les plaisirs. Au lieu de déstabiliser l’auditeur, il capte son attention sans temps mort et offre la prestation de nombreux artistes qui ont en commun de prendre un plaisir évident et communicatif. Libre des contraintes imposées par son ancienne et légendaire formation, Phil Campbell prouve ici qu’il est un artiste complet et qu’il peut désormais prouver l’étendue de son talent sans limite.