Après une vingtaine d'années à œuvrer dans différentes formations de leur Allemagne natale, Tobias Serfling (Ad-Hoc, ex Bloody Passion, ex Mortal Intention) et Tom Günzig (Massive Killing, ex Svart) décident de former Nachtfalter en 2017. Le projet est annoncé comme offrant un metal gothique combiné à des éléments modernes et industriels. Difficile dans ces conditions de ne pas penser à Rammstein ou à Lacrimosa même si le duo assure suivre son propre chemin. Penchons-nous alors sur ce "Was Bleibt", première livraison discographique de ce papillon de nuit, afin de juger de son identité réelle.
'Für Mich' ouvre les hostilités en forme d'introduction alliant simplement le chant guttural de Tobias Serfling avec des synthétiseurs sombres et gothiques. Si la mélancolie n'est effectivement pas sans rappeler Lacrimosa, c'est bien à Till Lindemann (Rammstein, Liedemann) que fait immédiatement penser la voix grave de Tobias. La suite confirme que Nachtfalter penche beaucoup plus vers le metal martial de la formation berlinoise que vers le groupe de Tilo Wolff et Anne Nurmi avec lequel il ne partage que l'ambiance dépressive sans le lyrisme caractéristique. Cependant, le son manque encore trop souvent de profondeur et d'épaisseur pour envisager de taquiner la légende teutonne du metal industriel. Le single 'Anderes Leben' ou un 'Im Schatten' aux accents rappelant Billy Idol sont des exemples typiques de titres qui auraient très probablement pris une dimension supérieure avec une production adéquate.
Il y a tout de même de bonnes, voire de très bonnes choses qui laissent envisager un futur prometteur. 'Eine Stimme' intègre des hurlements black sur des accélérations désespérées qui font suite à une déambulation nocturne et pluvieuse. Le chant est dépressif et le titre s'enfonce doucement dans les ténèbres, seulement handicapé par un final un peu trop bâclé. 'Vollkommenheit' se révèle épique, mêlant les nuances de gris, quelques claviers à la Die Krupps, un mid-tempo martial et un break avec quelques notes de piano spectrales. Puissant et accrocheur, 'Folge Mir' se fait énergique avec un refrain fédérateur, tel une percée au travers des nuages pour rechercher la lumière. Enfin, 'Nur Noch Einmal…', introduit par un 'Nacht' glacial, est une nouvelle pièce plus ambitieuse et théâtrale dont la descente aux enfers s'interrompt dans un dernier sursaut de désespoir et de résilience, refusant de sombrer dans les abysses.
Il ne fait donc aucun doute qu'en bénéficiant d'une production digne de ses ambitions et en trouvant son chemin entre les ombres des formations qui l'inspirent, Nachtfalter possède un potentiel pour devenir un pourvoyeur d'émotions noires de premier ordre. Une fois quelques maladresses gommées et certaines idées explorées plus profondément, le duo pourrait s'installer rapidement sur les sommets du genre.