Si la plupart des médias spécialisés, y compris Music Waves, classent Haken dans la catégorie metal progressif, cette appellation m’a toujours laissé dubitatif, tant la musique des Britanniques, "Vector" mis à part, me semble beaucoup plus proche du rock progressif que du metal. Et "The Cocoon" en est la parfaite démonstration. Pour son premier album, Richard Henshall nous donne une vraie leçon de ce que doit être le rock progressif en 2019, moderne, inventif, aux références assumées sans être pesantes ni ostentatoires.

Entouré du batteur de Nova Collective, Matt Lynch, et du bassiste de Haken, Connor Green, Henshall nous livre la parfaite synthèse de la musique de ces deux groupes dont il est le fer de lance, en poussant encore plus loin la fusion des styles et des ambiances. Si certains titres auraient trouvé leur place sans problème sur un album d’Haken, notamment le fabuleux ‘Twisted Shadows’ sublimé par Ross Jennings au chant et Jordan Rudess aux claviers, d’autres en revanche brillent par leur inventivité et leur prise de risque. Le morceau emblématique de cette brillante fusion des styles est sans conteste l’extraordinaire ‘Lunar Room’ qui mêle avec une virtuosité impressionnante un chant rap interprété par Ben Levin (Bent Knee), des boucles electro, une rythmique djent et des refrains atmosphériques.

"The Cocoon" est un laboratoire musical dans lequel l’alchimiste Richard Henshall expérimente différentes formules musicales, mélangeant polyrythmie, basse funky, guitare jazzy et saxophone (‘The Cocoon’) ou encore guitare bluesy, piano et ambiances atmosphériques (‘Afterglow’) pour concocter des philtres musicaux magiques et souvent surprenants. Le guitariste démontre toute l’étendue de son talent de composition mais aussi bien sûr de son talent de guitariste. Moderne, nourri de culture jazz et de technique shred, son jeu est d’une richesse exceptionnelle, autant par ses solos ébouriffants que par sa façon très personnelle et très contemporaine de travailler les arpèges (‘Silken Chains’, ‘Limbo’), qui n’est pas sans rappeler les travaux de Plini et Disperse.