Louer les qualités de Ray Alder pourrait faire l’objet d’un article à lui seul. Plutôt discret, le chanteur aux origines mexicaines n’est pas toujours cité parmi les meilleurs chanteurs du metal progressif, pourtant ses prestations au sein de Fates Warning, Engine et Redemption ont à chaque fois marqué les esprits. Le sens du collectif ayant toujours prévalu chez l’Américain, il aura attendu la cinquantaine bien entamée pour se lancer dans son premier projet solo intitulé "What The Water Wants".
Le travail a été initié avec le guitariste Tony Hernando (Lords Of Black) avant que celui-ci n’abandonne le projet en cours pour raison professionnelle extérieure. Ray s’est alors tourné vers son collègue Mike Abdow, guitariste de Fates Warning sur les tournées, pour finir l’album. Il en résulte un disque plus orienté chansons et donc moins nettement progressif que les compositions sur lesquelles intervient Ray depuis trente ans. L’album alterne les morceaux heavy d’un côté et de l’autre les mid-tempi et power-ballads dans une répartition très égalitaire. C’est dans ces derniers formats que se concentre le plus d’intérêt avec des finitions mélodiques plus abouties et des idées mieux développées. De ces compositions se dégage un agréable côté Conception période "Flow" avec notamment ‘Lost’, ‘Under Dark Skies’ et ‘The Road’, trois pépites aux magnifiques refrains qui phagocytent les neurones, et ‘Crown Of Thorns’ au riff de basse hypnotique.
Les autres pièces équilibrent plutôt bien l’ensemble de l’œuvre mais les mélodies n’ont ni le rendu ni le charme des chansons mentionnées dans le paragraphe précédent. ‘Shine’ n’aurait pas dépareillé sur un album de Fates Warning et se cantonne à un style heavy assez classique tout comme ‘A Beautiful Lie’ en moins percutant. La fin du disque vient pimenter les saveurs avec plus de dynamisme (le metal ‘What The Water Wanted’), de bons riffs (‘Wait’) et un exercice plus audacieux et progressif avec un bon ‘The Killing Floor’ qui se termine malheureusement en fade out. L’ensemble de l’album, avec une évidence dans les morceaux plus calmes, est pensé et écrit principalement comme un écrin prêt à accueillir le miel vocal d’Adler qui fait la superbe démonstration de sa grande sensibilité (dont le sommet est l’irrésistible ‘The Road’). C’est sans doute sa caractéristique la plus remarquable et sa qualité première.
"What The Water Wants" possède deux facettes bien entrecroisées entre morceaux rentre-dedans et mid-tempi émotionnellement plus intenses. C’est à cette dernière que va notre préférence, bien que la première recèle quelques bons moments. Il s’avère que Tony Hernando a composé avec Ray trois des morceaux les plus heavy du disque et cette césure atteint la cohésion globale et amoindrit son impact. Ray Alder serait bien inspiré de rééditer l’expérience en misant sur l’exclusivité d’une collaboration avec Mike Abdow, un musicien fidèle qui connaît Ray et sait composer des mélodies qui mettent en valeur tous ses talents de chanteur.