Formation allemande qui propose un metal moderne issu du metalcore mélodique, héritier de Refused, Linkin Park ou The Amity Affliction, Vitja a depuis 2013 publié trois albums, “Echoes”, “Digital Love” et “Mistaken” parus respectivement en 2013, 2017 et 2018. Un an après “Mistaken” voici “Thirst” où la soif gagne, l’eau monte à la bouche, suscitée par la puissance intense et de douces mélodies.
Car la mélodie est le centre d’attraction du disque. D'abord le froid envahit ‘Light Blue’, puis cajole les oreilles sans les mordre, grâce à des fines lanternes mélodiques qui éclairent une nuit d’ébène. La douceur attire l’oreille, les refrains emportent avec eux le cœur et la raison. L’ombre de Scar Symmetry plane lorsqu'une douceur rêche envahit les pistes, intensifiée par des mélopées envoûtantes et des claviers fragiles. ‘Silver Lining’ (avec Carlo Knöpfel de Breakdown of Sanity) se repose sur un rythme puissant, la guitare et les claviers y jouant à armes égales. Le couplet détonne avec un chant qui délaisse sa brutalité pour des variations douces. Enfin ‘Breathe’ se présente comme un interlude musical plein de nappes synthétiques et de guitares crunch, où la voix est fantomatique et l’émotion entraperçue.
Ainsi les émotions brutes et brutales sont l’apanage du groupe. ‘Mistakes’ démarre calmement par un rythme souple et une voix digne de Linkin Park. La six-cordes dépouillée y est une douceur sucrée que l’on déguste sans modération. D'abord assez souple, ‘Lost In You’ délivre ensuite une somme d’émotions qui serre un nœud dans la gorge. ‘One’ tranche avec la puissance des autres pistes en proposant d'emblée une introduction où l’émotion est bien au rendez-vous. ‘Instinct’ caresse la peau par son orientation pop qui capte l’attention et attire l’oreille. Les doubles grosses caisses de ‘Silence’ font alors penser au djent ou au death mélodique d'Insomnium ou Dark Tranquility. Toutefois le fil rouge y est toujours la voix chaude qui fait naître le frisson sur la peau marquée de brûlures métalliques.
“Thirst” est un album plein d’émotions, parfois direct, parfois plus complexe, étanchant toujours notre soif de mélodies douces. Même s’il peut sembler parfois répétitif, la voix chaude, les guitares techniques, les mélodies et l’habillage synthétique en font une œuvre qui mérite d’être appréciée à sa juste valeur. Certes Vitja ne révolutionne pas le genre, mais il atteint son but : faire battre le cœur avec sa musique... car tant de fois, de battre mon cœur s’est arrêté à cause de musiques insipides. Vitja n’est pas de ceux-là, il est comme l'humain : attendrissant de par sa fragilité et ses imperfections, à cause de ses qualités ou ses défauts.