Tremblez, délicieux mortels ! Après un repos de 7 ans dans une crypte hantée, Magoyond revient d'entre les morts pour nous susurrer les ritournelles horrifiques de son double album 'Kriptshow'. Oseriez-vous braver les portes de l'au-delà pour y jeter une oreille, au risque d'y perdre votre raison et votre tête ? A ses origines, Magoyond semblait reprendre les recherches exposées par Jacques Higelin dans son pétillant 'Champagne' ou le groupe Ici Paris (encore malheureusement trop méconnu du grand public).
L'album débute au son d'un orgue de barbarie avec une voix malicieuse, invitant l'auditeur à s'asseoir pour écouter un étrange spectacle. Sans surprise, ce
double album renferme une vingtaine de vignettes prenant pour thèmes le cinéma d'épouvante, la pop
culture et la série B et - malheureusement un peu trop - les zombies, doubles de l'auditeur, mais propices à l'envahissement. Pendant son hibernation, Magoyond a durci ses sonorités. Naguère rock, celles-ci semblent jaillir de la bouche de l'enfer et émerger à la surface avec une couleur très metal. 'Le manoir de Zack Trash' est une espèce de Cluedo maléfique (mais qui a donc tué le baron vampire Zack Trash ? la réponse est à la fin de la chanson) avec des guitares qui tronçonnent les pièces. Notons également cette passe d'armes dans l'introduction de 'Syndrome' qui culmine avec un solo de guitar hero à la fin du morceau. Notre chanteur-trublion de l'horreur ne possède pas forcément une voix taillée metal, mais celle-ci plutôt claire et enjouée est capable de brutalement tonitruer.
On peut se consoler en pensant que la couleur metal n'est qu'un prétexte aux divagations surnaturelles. Pourtant Magoyond a assez d'astuce pour nous surprendre. L'ancien Magoyond se fait parfois entendre au détour d'une ruelle. 'Vegas Zombie' est un peu plus enjoué avec des
percussions en feu. Le refrain est anthologique et parfois la voix prend
des allures quasi Disney. Le groupe a également su offrir une partition de luxe à une jeune chanteuse. 'Le Magasin Des Suicides' est plus léger avec une tonalité jazzy. A l'inverse, 'Croque-mitaine' est
basé sur un faux chant de Noël qui dégénère en montagnes russes jusqu'à sa chute
tétanisante. 'Le Jour Des Vivants' se fait plus aventureux, les arpèges de guitare nous berçant jusqu'au retour d'une musique plus barbare. 'Kryptshow' qui évoque ''Les Contes de la Crypte'', 'Murmures' et 'Chimera'
sont de beaux instrumentaux inquiétants et grandioses. On retrouve cette
dimension symphonique et aventureuse aussi sur l'introduction des
'Fossoyeurs' et l'on regrette que le groupe n'ait pas creusé un peu plus dans cette direction au lieu d'adopter la subtilité des bulldozers.
Le deuxième album est une caverne d'Ali Baba, où les merveilles côtoient le superflu. Nous y trouvons deux sketchs autour de la boutique des suicides. Hélas le manque d'abondance rend le résultat anecdotique. Le groupe livre également des versions instrumentales de ses précédents morceaux, comme pour nous inviter à créer nous-mêmes nos propres monstres, mais cela n'apporte guère de plus-value. Heureusement, on pourra se délecter d'une reprise bruyante du 'Pudding A L'Arsenic' concocté par Amonbofis et Tournevis dans ''Astérix et Cléopâtre''. Le meilleur morceau de ce second opus est sans nul doute 'Six Pieds Sous Terre' qui malgré son terme macabre montre que Magoyond est capable de s'extraire de son cadre. Sur un air enjoué, il conte les malheurs d'un homme qui aimerait se reposer mais qui est sans cesse dérangé dans son sommeil par quelques zombies.
Magoyond nous invite à un repas occulte concocté par ses zombies metal. Si l'orchestre metal et son conteur maléfique réussissent à nous faire frissonner, on regrettera quelquefois un manque de variété. Magoyond tient pourtant sa recette personnalisée et nul doute qu'il arrivera bientôt à faire de l'auditeur son plat de résistance.