Le Néerlandais Jan Akkerman est peut-être plus connu comme ayant été le guitariste de Focus dès 1970 que pour sa carrière solo, pourtant joliment garnie d’une vingtaine d’albums. Ce "Close Beauty" est un petit événement pour ceux qui suivent le travail de Jan car il y a six ans et la sortie du live "North Sea Jazz" que le musicien n’avait pas fait l’actualité.
"Close Beauty" est un disque instrumental dont le nom de Jan Akkerman écrit en lettre majuscule partage l’affiche avec trois musiciens venus apporter leur musicalité et leur expérience principalement dans le jazz. La guitare joue les premiers rôles, on ne s’en étonnera pas, mais Marijn van den Berg à la batterie, David De Marez Oyens à la basse et Coen Molenaar aux claviers ne sont clairement pas là pour faire de la figuration. La philosophie de jeu de Jan est bien différente de celle des guitaristes issus de la mouvance dite des guitar heroes. Tout est question de finesse et de sensation et la prouesse technique n’est véritablement pas le but du musicien, bien que le Hollandais soit un excellent technicien habile dans tout le vocabulaire du guitariste moderne. Jan ne travaille pas sur des partitions parfaitement écrites, en tout cas dans le rendu, et laisse s’exprimer l’instinct et l’improvisation. Mais bien que le jazz soit un langage souvent pratiqué dans ce disque, le résultat ne se perd pas en route et les espaces de grandes libertés restent toutefois assez cadrés.
"Close Beauty" se vit comme une balade sereine sous diverses latitudes aux climats chauds, un voyage immersif qui sollicite la quiétude des corps et des consciences. Pourtant tout débute sur une tension charnelle, celle qui jaillit quand deux corps tangotent, avec le superbe ‘Spiritual Privacy (Sunset Tango)’ qui donne vie à la non moins superbe couverture du disque de Michael Cheval. Avec le bluesy ‘Beyond the Horizon’, le disque entre dans sa dimension plus spatiale aux multiples ambiances féeriques avec la déchirante et délicate ballade ‘Reunion’ et l’enfantine et réconfortante ‘Close Beauty’ aux tonalités de musique de Noël avant qu’une tournure plus épique et cinématographique surgisse de la fresque musicale ‘Retrospection’ magnifiquement arrangée. Dans sa seconde partie "Close Beauty" se poursuit sur une série de déambulations avec la sud-américaine ‘Don Giovanni’ et la succession ‘Meanwhile in St. Tropez’, ’French Pride’ et ‘Fromage’ qui sont autant d’occasion à Jan de déclarer son amour pour la France dans des mélodies lumineuses à l’interface du blues et du jazz.
Dans "Close Beauty", Jan Akkerman nous invite à de jolis moments de musique dans une variété de styles qui facilitent l’écoute de ce long disque. Pour les amateurs de toucher délicat sur des guitares à l’acoustique cristalline ou légèrement crunch et de compositions instrumentales jazz-rock et blues aux larges chorus débridés, nous ne pouvons que recommander de s’intéresser à "Close Beauty". A plus de 72 ans et après 50 ans de carrière, Jan Akkerman rayonne encore de toute sa générosité et de son amour pour la musique.