À peine trois ans après un premier album remarqué et déjà très prometteur, les Réunionnais de Vacuum Road reviennent avec beaucoup d'ambitions, dont celle d'enfin percer au-delà de leur île natale. Pour cela, les quatre compères ont confié la production de ce second album intitulé "Biopsie" à Jon Symons (Sonic Drive Studio) à Utrecht.
La même variété de thèmes et d'ambiances qui avait fait le succès (d'estime) du premier opus est immédiatement perceptible à la première écoute de ce "Biopsie". Le groupe revendique des influences très marquées comme Katatonia, immédiatement perceptible sur l'introductif 'To Kill A Father' d'abord atmosphérique et enivrant jusqu'à l'envolée du refrain soutenu par un riff acéré.
Le chant en français fait son apparition pour la première fois dans la musique des Réunionnais dès 'Sur le Seuil', l'une des pièces maitresses de l'album. D'abord hypnotique et inquiétant, le titre explose rapidement grâce à un riff au son distordu mais très mélodique rappelant les Italiens de Kingcrow, avant que Thomas n'envoie ses hurlements plaintifs sur des guitares rugueuses mais toujours harmonieuses. Cette dualité entre douceur et rage est d'ailleurs l'une des marques de fabrique de Vacuum Road qui s'appuie sur ce contraste pour procurer des émotions entre noirceur et volupté. Le final magnifique pousse l'effet à son paroxysme dans un mélange de post-rock, de screamo, de riffs velus et de métal atmosphérique. Un vrai régal.
Autre moment de bravoure et sommet émotionnel de l'album, la reprise d'Alain Bashung 'La Nuit Je mens' pourrait bien vous convaincre définitivement du talent du quatuor de l'Océan Indien tant la maitrise vocale et l'orchestration originale de la pièce sont prenantes. Débutant par un piano et une guitare minimalistes, le titre décolle avec un refrain soutenu par une orchestration métallique exceptionnelle puis des screams tout en maitrise et en émotion. La seconde partie introduit des éléments metal prog avec des riffs saccadés se mariant à merveille avec le chant d'un Thomas très expressif sur les paroles du visionnaire et regretté chanteur français. Les montagnes russes de ces réarrangements feront se dresser les poils des amateurs de métal des tous horizons.
Le talent de Vacuum Road se matérialise également sur 'Il y a Deux Cadavres dans la Pièce' et 'Le Conquérant', construits sur les mêmes bases rythmiques et mélodiques avec des intros douces et un déferlement de guitares et de chant rageur, tout en proposant des variations rythmiques aussi nombreuses qu'intelligentes. Deux autres titres, chantés en anglais, 'Epiphany' et Always On' sont beaucoup plus rugueux, particulièrement le second, et présentent un metal entre progressif et alternatif rappelant Mastodon ou Messhugah mais apportant toujours son flot de variations rythmiques et de retours au thèmes principaux chers à nos quatre musiciens. L'album se termine sur la même tonalité qu'à son ouverture avec un closer atmosphérique faisant la part belle à un saxo jazzy et un chant encore une fois versatile mais tout en retenue.
Il reste quelques petits défauts dans la musique de Vacuum Road, comme un chant parfois un peu manièré, et accent anglais peut-être perfectible mais sans incidence sur l'impression générale. Certaines mélodies auraient gagné à être plus immédiates pour plus d'efficacité, mais c'est vraiment pour chipoter. Car au final, l'impression est excellente et l'écriture plus personnelle alliée à une grande maitrise technique et des compositions très travaillées donnent à ce "Biopsie" les atouts pour s'imposer dans un genre où les adeptes de Milanku, de Tool ou Katatonia trouveront nécessairement leur bonheur. Un album en forme de confirmation pour un groupe qui mérite toute votre attention.