Street Talk est groupe suédois dont "V" est le ... quatrième album studio. Suite à la sortie de leur best-of, le leader du groupe Frederik Bergh avait annoncé la dissolution du groupe suite à des problèmes financiers et c'est donc une surprise que de les retrouver aussi tôt. Le groupe s'était taillé une solide réputation dans le milieu mais ce "V" est mon premier contact avec les suédois.
Principal compositeur, Bergh est manifestement un grand admirateur de Journey (le fait que le groupe ait le même nom qu'un album de Steve Perry n'est peut-être pas une coincidence) mais Street talk présente une sensibilité plus européenne et plus pop aussi. Ce qui fait le côté rock des américains (la guitare et la section rythmique en particulier la batterie) passe ici complètement au second plan mettant en avant 11 mélodies légères, ultra soignées et, disons-le avant que je ne perde tous mes lecteurs, absolument irrésistibles faisant de "V" un album que l'on connaît par coeur au bout de 3 écoutes. Au milieu de titres rock-FM particulièrement efficaces ("Responsible", "If I could", "Sniper", le superbe "Oh Maddy"), on notera la présence de 2 ballades toute en retenue et en émotion ("At the end of the day" et "Groundhog Day" à l'intro très westcoast) sur lesquelles le groupe se démarque largement de son modèle. Le nostalgique des 80's sera particulièrement aux anges à l'écoute d'un "Family Business" de feu dont la ressemblance (notamment dans l'intro) avec un "Separate Ways" ne peut pas être fortuite : si ça ce n'est pas un hommage réussi...
En dehors de sa qualité mélodique indéniable, l'autre point fort de cet album est son chanteur, le toujours impeccable Göran Edman qui fait partie de ceux qui pourraient chanter le bottin et rendre ça passionnant. Ses excellentes performances récentes dans des groupes comme Karmakanic et Xsavior ne m'avaient pas fait oublier qu'il est particulièrement à l'aise sur des tempos plus AOR comme il l'avait montré sur le superbe "Wonderland", unique album du projet Kharma. La qualité de son interprétation parfois légèrement théatrâle parvient à faire oublier la plupart du temps qu'un titre comme "Something's gotta give" est particulièrement poussif, celui-ci devenant même étonnament le morceau que l'on chante sous la douche.
Autant dire que ce "V" constitue un achat incontournable pour tout amateur d'AOR bien lisse qui se retrouvera à l'écoute de cet album comme un enfant dans un magasin de sucreries avec les yeux qui brillent et l'envie constante d'y revenir.