Danger
Danger, groupe de hard mélodique mythique auteur de sept albums
entre 1989 et 2009, a disparu de la circulation depuis maintenant dix
ans. En 2016, la marieuse Frontiers a proposé à ses anciens membres
de convoler en justes noces sous le nom de The Defiants. Deux
partenaires des origines - Bruno Ravel le bassiste et Rob Marcello le
guitariste - avaient alors répondu à l’appel ainsi que Paul
Laine, le fameux frontman, qui rejoignit DD en 1993 au départ du non
moins célèbre Ted Poley. L’album éponyme qui s’en suivit fit
un carton chez les orphelins du combo.
En
cette année 2019, The Defiants remet le couvert avec "Zokusho", un opus
qui voit Steve West, le batteur de DD, rejoindre le combo. Comme
disait Pythagore, l’égalité est désormais remarquable, The
Defiants = Danger Danger. "Zokusho" signifie “chapitre suivant” en
japonais, croisons les doigts pour que celui-ci soit, lui aussi, (au
moins) l'égal de son frère aîné.
Ces
messieurs de The Defiants ne sont plus des jouvenceaux - trois
quinquas et un quadra pour être précis. Les années 80 ont donc
laissé quelques traces dans leurs influences. Cependant le combo a
su piocher dans le petit monde du hard rock mélodique quelques références plus récentes. C'est ce savant mélange,
doublé d'un talent particulier pour les mélodies qui accrochent, qui
fait la force de ce groupe et particulièrement de cet album qui se
classe au-dessus de son prédécesseur, ce qui était tout de même
une sacrée gageure.
Il
ne vous faudra pas attendre le milieu de l'opus pour appréhender ces
caractéristiques et ces qualités. Le titre 'Love Is The Killer' qui
entame les hostilités vous balance au visage sa puissance mélodique
au terme de quelques légers arpèges trompeurs. D'emblée on pense à
H.E.A.T., ses désormais connus 'who oh oh oh oh' et ses refrains
fédérateurs. D'entrée on est conquis, puis estomaqué quand surgit
le solo qui surclasse les habituels exercices des responsables du
manche dans ce style musical. Rajoutons à cela une voix on ne peut
mieux adaptée à l’obédience musicale en question, mais qui sait aussi aller chercher, et là aussi c'est plutôt rare dans le hard rock
mélodique, des hauteurs surprenantes dans les aigus, ce sans
dérapage.
La
succession de morceaux qui s'ensuit est taillée similairement. Des
mélodies à profusion, des rythmes soutenus, un chant frôlant la
perfection, des soli inspirés comme s'il en pleuvait par temps
d'orage. Seules les références divergent si vous y prêtez une
attention particulière, même si en filigrane Danger Danger rode
toujours dans un coin. Cette influence, associée à celle des Poodles, donne 'Standing On The Edge', à celle de One Desire 'Hollywood In Headlights', à celle de Foreigner 'Fallin' For You' (écoutez la seconde partie du couplet, si vous n'entendez pas 'Dirty White Boy'... c'est que vous ne connaissez pas le titre !).
Et
puis surgit 'Hold On Tonite' et là on tient son morceau du mois !
Ce mid-tempo qui calme le jeu au gué de l'opus est un engin de
guerre, aussi prenez garde aux dommages addictifs. Si vous restez
debout, le coup de pied dans les assises asséné par le martelé et
très Slaughter 'Allnighter' vous achèvera. 'U X’d My Heart' vous fera
alors croire à la ballade. Raté, à la place vous est livré un
mid-tempo avec un solo dantesque et des prouesses vocales dont
certaines ne sont certainement perceptibles que par des oreilles
canines ! Nous n'allons pas évoquer pour finir ni 'It Goes Fast' qui est un hit, ni 'Stay' qui l'est plus encore, pas plus que 'Alive' qui
n'est pas loin de U2 car nous aurions cité tous les morceaux.
Doté
d'un guitariste d'exception, respect Monsieur Rob Marcello, dont la
performance ici est digne dans le genre de celle de Helge Engelke sur
l'album de Dreamtide 'Dream And Deliver' et d'un chanteur remarquable,
ce Paul Laine est une perle, The Defiants vient de nous sortir le
disque de hard rock mélodique de la rentrée. Ne passez surtout pas
à côté de ce bel objet si vous êtes sensible au style.