C’est avec un vrai plaisir que l’on accueille le troisième album de KXM, conglomérat de trois musiciens de premier plan à savoir Ray Luzier de Korn, Doug Pinnick de King’s X et Georges Lynch de Lynch Mob. On connaît la faim de musique qui anime Doug Pinnick, lui qui multiplie les projets en parallèle de sa formation initiale qui devrait sortir de son sommeil prochainement, et KXM est probablement le plus enthousiasmant. Deux ans après l’excellent "Scatterbrain", les attentes sont élevées concernant son successeur intitulé "Circle Of Dolls".
Avec "Scatterbrain", KXM a atteint un haut degré d’aboutissement dans le genre hard rock mélodique, réalisant un album référentiel pour les disques à venir. Faire ronronner une belle mécanique n’est pas dans le caractère de nos protagonistes qui, avec une moyenne d’âge de 60 ans, sont loin d’être nés de la dernière pluie. Les trois amis ont très bien anticipé cela et proposent un disque plus diversifié et plus produit que les deux premiers tout en conservant la structure fondamentale de recherche mélodique et de virtuosité dans les riffs et les percussions.
Une bonne moitié de "Circle Of Dolls" reste dans l’épure de la signature des Américains avec une puissance brute, des variations complexes sur les tempi et de larges plages de chorus de guitare dans un esprit de jam-session. Dans ce genre citons le direct du droit ‘War Of Words’ suivi de ‘Mind Swamp’ et son côté Slash’s Snakepit. Le sombre ‘Circle Of Dolls’ aurait pu apparaître sur un disque de Pinnick Gales Pridge avec son groove tapageur tandis que ‘Wide Awake’ brouille les impressions de l’auditeur avec son clair-obscur couplets calmes et refrains explosifs. Le trio est libéré aussi bien mélodiquement que techniquement et un titre comme ‘Vessel Of Destruction’ en fait la démonstration avec ses chœurs majestueux et ses idées rythmiques.
A l’image d’un 'Big As The Sun' qui affiche un visage métissé de groove, de tension et de chants pleins de conviction, et du moite ‘A Day Without Me’ et ses guitares acoustiques aux sonorités de blues du bayou, KXM propose une écriture plus nuancée à diverses occasions. "Circle Of Dolls" est un disque dense qui ne faiblit pas et le power trio se paie même le luxe de finir le disque en apothéose sur trois pépites originales et inhabituelles qui laissent entrevoir une suite à leur collaboration sous les meilleurs auspices. Comme on dit, le groupe a gardé le meilleur pour la fin en termes de virtuosité dans les mises en place (la créativité des riffs de 'Shadow Lover' et ‘The Border’, les tempi funky de ‘Cold Sweats’ et ‘The Border’), de richesse dans les chœurs, qui font ressortir nettement le X de leur nom (‘Cold Sweats‘) et de profondeur dans les chants (reptilien dans ‘The Border’ et intriguant tout en murmure dans 'Shadow Lover').
Une fois de plus, KXM nous offre un album très bien garni (plus d’une heure) et passionnant de bout en bout. Avec intelligence, Pinnick, Luzier et Lynch ont su faire évoluer leurs compositions dans le sens de la diversité sans se dénaturer. La boulimie légendaire de Doug Pinnick semble s’être apaisée ces derniers temps pour se concentrer sur des projets de grande qualité avec KXM en tête... en attendant le retour de King’s X.