As I Lay Dying, originaire de San Diego, joue du metalcore depuis presque vingt ans. Le groupe a produit six albums puis, après “Awakened”, a fait une longue pause avant ce nouvel album “Shaped By Fire". “Awakened” avait divisé les avis, certains reprochant une orientation grand public, une sorte de metalcore de supermarché. Mais n’est-ce pas justement, une force de proposer une version accessible pour attirer les néophytes ?
L’introduction cinématographique (‘Burn To Emerge’) pose une ambiance digne du générique d’un film hollywoodien. Puis avec ‘Blinded’, la formation choisit la voix de la douceur et la caresse sucrée d'un chant aux intonations douces. Le disque navigue alors entre mélodie et intensité : riffs rapides harmonisés, voix profonde éraillée et batterie marteau-pilon. A cette lourdeur s’ajoutent des voix claires dignes de Scar Symmetry, des passages aériens aux guitares claires proches de Linkin Park ou The Amity Affliction. C’est cet équilibre fragile qui sera le fil rouge de la rondelle.
‘Undertow’ et ‘Shape By Fire’, qui procèdent de la même douleur et de la même rage, répandent une intensité maîtrisée, mais peut-être trop lisse. Cette sorte d'hésitation entre le chaud et le froid imprègne également le puissant ‘Torn Between’, dont la violence et les douces mélodies attirent autant qu'elles choquent. C'est toutefois la douceur qui domine, car même si la formation est associée au metal extrême, elle est, dans son cœur et dans ses tripes, fondamentalement pop. Quelques passages sont toutefois d’une violence proche du deathcore (‘Gatekeeper’ ou ‘Redefined’) : cris incessants, cavalcades rythmiques et six-cordes dissonantes. Ces éléments sont le sel qui rehausse la galette et génère des émotions intenses. Enfin la formation possède un sens indéniable du groove imparable, comme sur ‘Only After We’ve Fallen’ où les riffs asymétriques sont proches du djent.
En se concentrant sur la mélodie et non sur l’intensité, le groupe rate peut-être son objectif : chambouler les certitudes et les habitudes verrouillées par des étiquettes. “Shaped By Fire” ne joue donc pas avec le feu, ne brûle pas la peau, n’illumine pas l’obscurité de son aura éclatante et n’est pas enfanté par la fournaise. Il est puissant même si sa rage est diluée par des vocalises douces prédominantes, des climats méditatifs et des instants calmes. As I Lay Dying compose un pop-core, une friandise issue des salles obscures qui craque sous la dent, sucrée et douce, mais qui se déguste sans faim et sans passion. Vous aimez le pop-corn croquant, sucré, gluant et fondant, prenez donc une bonne poignée de ce pop-core...