Yuval Ron est un musicien israélien auteur de deux albums avec sa formation Residents Of The Future. La sortie de son premier album "Somewhere In This Universe, Somebody Hits A Drum" sous son seul nom et via son propre label Wrong Notes Music est l’occasion de découvrir le travail de ce musicien à la personnalité haute en couleur.
Que l’on ne se laisse pas duper par le titre de l’album, Yuval est guitariste et son album un exercice de virtuosité à la six-cordes. Mais ce titre a une double fonction qui est de rappeler l’affinité de Yuval avec tout ce qui touche à la science-fiction et d’appuyer toute la promotion qui est faite sur la présence de Marco Minnemann à la batterie. Il n’est pas rare que l’Allemand fasse des apparitions sur les albums d’autres musiciens. Mais qu’est-ce qui a bien pu déclencher sa participation à l’album de ce guitariste insoupçonné, en tout cas de votre serviteur ? Il y a au moins deux choses qui nous semblent avoir participé à la décision de Marco, c’est le style pratiqué et le côté décalé du personnage de Yuval. Il y a d’abord cette drôle de façon de se déguiser en combinaison d’astronaute de la Nasa (bien que Paul Gilbert l’ait fait avant lui) et ce goût pour une esthétique space opera rétro que l’on peut admirer dans les vidéos du bonhomme. Enfin le style est fusion jazz, un genre qui plaît à Marco Minnemann et lui donne toute liberté pour exprimer toute l’étendue de son jeu époustouflant.
"Somewhere In This Universe, Somebody Hits A Drum" développe une fusion difficile d’accès, à l’évidente parenté avec la musique du maître de Yuval Allan Holdsworth auquel il dédie notamment le titre ‘The Discovery Of Phoebe’. Dans les sonorités aussi, Yuval exagère la filiation à une époque qu’il chérit en multipliant les textures datées et les sonorités de claviers parfois à la limite du kitsch (‘I Believe In Astronauts’). Le mélange devient très douteux quand dans un même morceau se superposent une guitare qui s’amuse à sonner comme un jeu vidéo et des voix proches de l’incantation (‘Somewhere In This Universe, Somebody Hits A Drum’). La musique de Yuval est très souvent hermétique à l’image du sombre ‘Gravitational Lensing’, et la surprise des premières secondes laisse rapidement place à un profond ennui comme sur le lent et (vide) sidéral ‘Kuiper Belt’ ou ‘WiFi In Emerald City’ dont la seconde partie ne tient qu’aux prouesses rythmiques de Marco Minnemann. ‘The Discovery Of Phoebe’ et ‘I Believe In Astronauts’ redressent in extremis la barre, le premier porté par sa dimension d’hommage à Allan Holdsworth et sa finesse mélodique enfin trouvée, et le second par sa diversité.
"Somewhere In This Universe, Somebody Hits A Drum" est à considérer par les nostalgiques d’une époque qui pourront retrouver un ersatz d’esprit et un semblant d’atmosphère. Mais cette population a bien assez de chefs-d’œuvre du jazz-rock produits entre 70 et 80 pour avoir besoin de chercher l’imitation. On ne peut même pas se consoler avec les interventions de Marco Minnemann qui souffrent d’un mixage désastreux réduisant à une soupe insipide toutes les nuances de son instrument. Mais soyons optimistes, quelque part dans l’univers une forme d’intelligence trouvera un vrai intérêt à ce disque.