Voici donc le second tome de "The Vision, the Sword and the Pyre", l’œuvre que Frank Bornemann a composé pour son groupe Eloy, qui va souffler cette année ses 50 bougies. Ce récit musical de la vie de Jeanne d’Arc qui l’a passionné toute sa vie suit scrupuleusement la chronologie historique du parcours de la Pucelle d’Orléans, ici depuis Patay (première victoire des Français sur les Anglais depuis Azincourt) jusqu’à sa mort à 19 ans sur le bûcher de Rouen.
Cette deuxième partie comme la première ressemble à un cours d’histoire mis en musique : les titres, plutôt courts (max : 6’26), se présentent plus comme des chansons explicatives que comme une évocation épique par larges plages musicales. On n’échappera donc pas aux récitatifs encombrants ('Résumé', 'Roue', 'Eternity') qui affadissent et empèsent le propos. Le style musical est passablement daté, nappes de synthétiseur 80’s et guitare égrenant les croches; Eloy n’est pas le seul ancien groupe à subir ce reproche, Camel également, mais dans le cas de Camel, le génie de Latimer et la variété des arrangements amenaient le propos à un autre niveau de rendu, alors qu’ici les instrumentaux (courts et peu inventifs) manquent cruellement de souffle. Et comme Frank Bornemann (tout comme Latimer) n’est pas un grand chanteur, globalement l’œuvre ne baigne pas dans un dynamisme des plus guerriers. Dommage, d’ailleurs, car les ambiances essaient de coller au propos, mais l’ensemble est bien plan-plan, et laisse l’impression que le récit est bien davantage porté par les paroles que par la musique, or il y avait matière à un grand récit épique avec l’aventure en question…
Avec une manière empreinte de poussiéreux, qui n’attirera guère les amateurs de musique moderne, difficile de paraître novateur sur un sujet épique par essence. En restant beaucoup trop scolaire et pas très évocateur, Eloy passe à côté de son sujet…