Créé en 2013, et malgré sa jeunesse dans le milieu djent, Kadinja est déjà une figure du genre en France. Après un album paru en 2019 ("Super 90’") et d’ores et déjà salué par les critiques, la formation frappe fort en sortant son deuxième disque de l’année. Ce coup-ci, le format est pour le moins particulier puisque ce "DNA (Dedication.Nostalgia.Addiction)" est en réalité un disque hommage reprenant dix titres de la scène metal devenus cultes, ayant certainement donné envie aux membres du groupe, dans leur jeunesse, de faire de la musique.
Tous les morceaux repris ont donc la particularité d’être sortis entre la fin des années 90 et le début des années 2000. Mais plutôt que de se contenter de faire de simples covers, les Parisiens offrent plutôt une version revisitée des dix chansons, en y apportant une touche de metal moderne, et par là-même une certaine fraîcheur.
Il faut dire que les morceaux en question n’ont pas été cherchés au hasard et présentaient pour la plupart des caractéristiques plus ou moins proches de la musique du quintette français. Ainsi, sur ‘Points Of Authority’, titre de Linkin Park, le groupe met en avant des phrasés à la sauce djent sur les couplets, et notamment sur le final du morceau, faisant prendre conscience par la même occasion que Linkin Park faisait déjà du djent à sa manière au début des années 2000, avant que le style ne se démocratise et n'explose ces dernières années.
Les musiciens n’hésitent pas à remanier totalement les morceaux, comme sur ‘Spit It Out’ (Slipknot), où la patte de Kadinja est ce coup-ci plus présente que jamais. Plus la moindre trace du nu-metal de Slipknot sur ce titre célèbre, le chant étant la seule composante qui permette réellement d’identifier la chanson tant la version de base est transfigurée.
Comme à l’accoutumée, musicalement, c'est plus qu’en place. Les guitares sont tranchantes, les rythmiques percutantes et rien ne dépasse. Le chant, de son côté, est très polyvalent : rappé sur ‘Hot Dog’, (Limp Bizkit oblige !), screamé sur ‘This Is The New Shit’ (Marilyn Manson), beaucoup plus en retenue et en mélodie sur ‘Aerials’ (System Of A Down), le chanteur Philippe Charny Dewandre a plus d’une corde à son arc !
Et c’est d’ailleurs cette polyvalence qui permet à l’album de respirer. Alors que le groupe aurait pu se limiter à conserver l’approche initiale des grands noms du metal, les musiciens n’hésitent pas à adapter certains passages, comme le refrain de ‘Points Of Authority’, qui tire plus vers le metal atmosphérique en étant beaucoup moins brut de décoffrage que le titre original. La surprise vient sûrement d’’Aerials’, qui se présente sous un format minimaliste, porté par un chant, une basse et quelques effets (reverb, chorus…) et une fin riche en chœurs et en douceur pour un résultat surprenant.
Pour résumer, les musiciens de Kadinja se font plaisir en réhabilitant à leur manière des standards de leur jeunesse. Si le résultat est réussi, cet album est plus à mettre entre les mains des inconditionnels du groupe curieux de découvrir la manière dont les Français réinterprètent ces tubes metal. Une parenthèse agréable entre "Super 90’" et un troisième album déjà très attendu !