Le groupe se définit comme une formation de rock dit “élaboré”. Sous ce terme mystérieux, le duo déclare combiner rock ambient, new age et progressif. Et si les deux hommes n’évoquent pas l’influence du heavy metal dans leurs compositions, ce style musical est pourtant et certainement le plus représenté sur l’album, à travers des morceaux comme ‘Into The Lions Den’, ‘Autumn Sky’ ou ‘Trading Places’. Les ambiances hard rock des 80’s, elles aussi, sont relativement fréquentes, comme sur les couplets de ‘Eyewitness’ qui rappelleraient même du Scorpions. Forest Field signe aussi des titres plus rock, comme le single ‘Change The World’, dont le refrain bien trouvé rappelle Flying Colors.

La diversité d’écriture fait mouche sur cet album, relativement bien équilibré en termes d’influences. En plein milieu du disque se trouve par exemple ‘Rain In May’, morceau dont les premières minutes commencent au chant, au violoncelle et à la guitare, sous un format minimaliste très posé. Et quel que soit le style joué, les voix tiennent souvent un rôle important sur cet album. La polyphonie est bien amenée et utilisée à bon escient aux moments forts des chansons et renforce la musicalité des titres, comme sur le refrain de ‘Storm In November’.

Si la qualité des compositions est réelle, un certain amateurisme vient entacher le rendu global. Au-delà de la pochette aux couleurs assez kitsch, la production n’est pas des plus élaborées. C'est d’autant plus remarquable sur les morceaux où la guitare crunchy de Peter Cox retentit, comme sur ‘Spring Is Coming’, ‘A Silent Cry’, ou sur ‘Eyewitness’, laissant place à un rendu assez brouillon et confus, où les frontières de chaque instrument paraissent floues. On entendrait peut-être même un mauvais collage de pistes avec une courte pause de quelques dixièmes de secondes en plein milieu de ‘Change The World’, tandis que les sonorités du début de ‘Storm In November’ semblent venir tout droit du logiciel Guitar Pro.

Au-delà de ces considérations d’ordre technique, quelques choix artistiques paraissent peu judicieux, ou en tout cas discutables, notamment sur les morceaux instrumentaux. ‘Spring Is Coming’ présente par exemple un long solo de guitare de 4 minutes, alors que cette chanson aurait pu être une simple section d’une minute ou deux en l’intégrant à un autre titre. Idem pour ‘Circles’, autre morceau instrumental construit comme si celui-ci était chanté et sonnant comme un titre auquel on aurait enlevé les paroles, créant une sensation de monotonie sans véritables développements instrumentaux.