Issun signifie "un pouce" en japonais. C’est le nom d’un lilliputien surnommé "l’artiste errant" dans le jeu vidéo Okami. Ce n’est pourtant pas du Japon mais d’Allemagne que nous arrive ce nouveau groupe de rock progressif avec son deuxième album "Dark Green Glow", le premier, paru en 2015, étant passé totalement inaperçu. Au départ, Issun était le projet d’un seul homme : Tobias Schröder, chanteur, pianiste et percussionniste. Mais pour ce nouvel opus qui a nécessité deux ans de travail, le natif d’Hanovre s’est entouré de musiciens de session dont son frère Simon à la batterie pour donner corps à ce qui semble bien être devenu aujourd’hui un groupe à part entière.
Album concept contant l’histoire assez floue d’un enfant prisonnier de ses cauchemars nocturnes symbolisés par une forêt menaçante et ténébreuse, "Dark Green Glow" est construit autour du piano, omniprésent, et de la superbe voix de Tobias Schröder dont le timbre rappelle étrangement Steve Perry (Journey) par sa clarté et Daniel Gildenlöw (Pain Of Salvation) par ses intonations.
Nourrie d’influences nombreuses et éclectiques, la musique d’Issun est centrée sur de belles mélodies (‘Remember Me’) et balaye un spectre très large de couleurs musicales, alternant des titres pop rock inspirés d’A.C.T. (‘Lost Generation’) et Toto (‘Even’) et des morceaux franchement progressifs évoquant Genesis pour les arpèges de piano (‘Falling Away’), tout en flirtant discrètement avec le metal progressif (‘Sleep In The Forest’).
La principale qualité de "Dark Green Glow" est de jouer le jeu de l’album concept en racontant véritablement une histoire en musique. Et le thème de la forêt luxuriante est idéal pour laisser s’exprimer les musiciens, notamment les solos de guitare inspirés et mélodiques parfaitement réalisés par l’excellent Martin Schnella (Flaming Row), et pour insuffler à la musique d’Issun une ambiance tribale étonnante grâce à un beau travail sur les percussions (‘Twilight Forest’, ‘Jessica’).
L’album a cependant, selon la formule consacrée, les défauts de ses qualités et se laisse parfois déborder par son propos et sa trop grande générosité musicale. Ainsi l’epic de 17 minutes ‘Tempest Of Laughter’, malgré de très beaux passages, aurait largement mérité d’être amputé de quelques digressions inutiles et le très progressif ‘Dark Green Glow’ a tendance à tomber à plat par son côté expérimental et fourre-tout qui nuit à la cohésion mélodique de l’album.
Cela dit, même si "Dark Green Glow" n’est pas d’une originalité folle et fait plus référence au passé qu’à l’avenir dans son approche musicale, l’album s’écoute avec plaisir et Issun fait preuve d’un réel savoir-faire qui en fait un groupe de rock progressif mélodique prometteur.