WHISKEY MYERS: Whiskey Myers (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A l’heure où le temps a fini par avoir raison des légendes Lynyrd Skynyrd et The Allman Brothers Band, où il ne semble plus devoir attendre grand-chose de Molly Hatchet et où Rich Robinson tente de sauver l’esprit des Black Crowes avec son Magpie Salute, il est grand temps de s’intéresser à la relève du southern rock. Le style est réputé pour son incroyable capacité à survivre face aux coups donnés par la vie qui n’a jamais épargné ses plus grandes institutions, mais il faut bien reconnaître qu’elle a frappé fort ces derniers temps. Derrière Gov’t Mule et Black Stone Cherry, deux formations semblent s’installer comme les leaders de la nouvelle génération du rock sudiste : Blackberry Smoke et Whiskey Myers. Ces derniers avaient marqué leur territoire avec un excellent "Mud" en 2016 et sont de retour avec un nouvel opus éponyme tout de blanc vêtu.

Voilà qui est osé de la part d’un groupe encore jeune car nous ne vous ferons pas l’affront de vous rappeler que les Beatles ont offert une œuvre légendaire avec leur "White Album" en 1968. Mais n’allez pas croire que Cody Cannon et sa bande ont attrapé la grosse tête et se prennent pour quelqu’un d’autre. Les Texans sont toujours fiers de leur identité sudiste en col bleu et le rappellent régulièrement dans leurs paroles (‘Bury My Bones’). Renforcé par les chœurs féminins assurés par les McCrary Sisters, le sextet offre un nouveau condensé de toutes les influences qui font son identité. Du rock puissant aux accents hard rock (‘Die Rockin’ ’, ‘Gasoline’) voire heavy (‘Kentucky Gold’, ‘Hammer’) qui renvoient à Lynyrd Skynyrd, à des titres plus légers et countrysant (‘Rolling Stone’ et son harmonica, ‘Houston Country Sky’ et sa slide endiablée), il y a de quoi ravir tous les amateurs de rock sudiste.

Mais ce qui fait la différence, c’est l’authenticité et la profondeur des titres proposés par Whiskey Myers. La colère est brutale sur un ‘Bitch’ au chant presque rappé, quand l’émotion est à fleur de peau sur un ‘Bury My Bones’ envoûtant. Le chant de Cody Cannon traduit tous ces sentiments avec justesse et il faut l’entendre cracher sa rage sur ‘Gasoline’, scander un ‘Glitter Ain’t Gold’ transpirant sous la chaleur d’un soleil brûlant, ou faire preuve d’une infinie douceur sur la superbe ballade qu’est un ‘Bad Weather’ doté d’un solo final lumineux. Alors bien sûr, en plus de la légende de l’Alabama, d’autres influences viennent à l’esprit telles que Patterson Hood et Drive By Truckers (‘Little More Money’), les Eagles (‘Houston County Sky’, ‘Running’) ou Bruce Springsteen (‘California To Caroline’), mais jamais le spectre du clonage ne montre le bout de son nez.

Whiskey Myers impose ici une identité forte et multi-facettes. Sans savoir lesquels, il aurait peut-être été souhaitable que deux ou trois titres soient retirés pour gagner en intensité, mais ce serait pinailler tant cet album respire le Sud et offre une palette d’émotions aussi variées que puissantes. Avec cet opus éponyme, les Texans confirment définitivement qu’ils sont bien les dignes héritiers des grandes légendes du southern rock dont ils respectent les influences tout en les enrichissant. Une nouvelle fois, vous ne ressortirez pas indemne de ce voyage en leur compagnie !

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