Chez Music Waves, nous recevons toute l’année des albums de nouveaux groupes. Certains sont intéressants, d’autres beaucoup moins, d’autres encore, assez peu, nous impressionnent immédiatement tant il est difficile de croire qu’il s’agit d’un premier album. C’est le cas de "Ground Zero" de Lone Survivors qui débarque de nulle part et qui est à ce point maîtrisé qu’il propulse d’ores et déjà le groupe français aux avant-postes du metal moderne hexagonal.
Tout est parti d’un essai de science-fiction écrit par le bassiste Olivier Crescence qui décida de s’entourer de musiciens chevronnés pour le mettre en musique. Son thème : la survie de l’humanité et le transhumanisme. Une thématique ambitieuse qui se devait d’être portée par une musique qui l’est tout autant. Deux ans de travail ont ainsi été nécessaires à la composition de ce premier album qui marie avec brio metal progressif moderne, rythmiques djent et metalcore.
Difficile en effet de concilier la complexité technique d’une musique par essence intellectuelle avec l’accessibilité nécessaire pour captiver l’auditeur. C’est pourtant ce que Lone Survivors réussit haut la main au fil de titres hypnotiques (‘Lucid Dream’), de riffs ravageurs (l’énorme ‘Enigmatic Side Effects’) flirtant parfois avec le mathcore (‘Six Feet Under’) et de polyrythmies dantesques (‘Paul The Saint’, ‘Lost In My Mind’).
Les influences sont bien affirmées et revendiquées : Meshuggah, After The Burial et Tesseract pour les parties les plus atmosphériques (‘In The Flesh’). Mais la personnalité du groupe est palpable sur chaque titre, notamment grâce à l’énorme travail sur les guitares du duo Samuel Smith / François Lescuyer qui trouve ici l’équilibre parfait entre riffs et mélodies.
Mais, une fois de plus, c’est bien le talent de Matthieu Romarin qui illumine "Ground Zero". Lone Survivors a mis presque deux ans à trouver le chanteur qui saurait porter sa musique et le groupe ne pouvait rêver meilleur interprète que le frontman d’Uneven Structure pour sublimer ses compositions. A l’aise comme un poisson chat dans l’eau sombre du metal moderne, il illumine l’album de son charisme, sa puissance, sa sensibilité et ses alternances de chant clair et saturé maîtrisées à la perfection. Le titre ‘Ground Zero’ est le meilleur exemple de sa capacité à insuffler la rage, le désespoir et l’inquiétude sous-tendues par la thématique conceptuelle apocalyptique de l’album.
Parfaitement produit par Fred Duquesne (Mass Hysteria) et Magnus Lindberg (Cult Of Luna), "Ground Zero" n’est pas loin du coup de maître. A peine pourra-t-on lui reprocher des schémas de composition analogues entre certains titres (‘Quantum Slaves’ et ‘The Circle Of Thoughts’ par exemple). Mais pour un premier effort, cet album est impressionnant de maîtrise, de densité et de finesse d’écriture et impose Lone Survivors comme un groupe à suivre de très près.