Sérénité et maturité, tels sont les qualificatifs qui viennent à l'esprit à l'écoute du troisième opus de Magenta, le groupe mené par Rob Reed. Après deux premiers albums résolument modernes bien que fortement marqués par l'héritage des 70's, "Home" marque la confirmation du talent de ce groupe qui, tout en conservant ses racines et les inévitables références aux "dinosaures" du genre, nous livre un concept album cohérent, dans lequel les titres s'enchaînent avec bonheur.
Par rapport à "Revolutions" et "Seven", les morceaux se sont quelque peu raccourcis, avec notamment plusieurs pistes servant de liaison aux thèmes principaux de l'album. Ainsi, l'aspect symphonique s'en trouve quelque peu diminué, au profit de passages acoustiques tout en délicatesse, mettant en valeur Christina et sa voix de plus en plus assurée. Rob Reed propose toujours ses claviers aux sonorités vintage, tandis que les deux guitaristes dialoguent à coeur joie, sans en rajouter.
Aussi, après une ouverture très Yessienne (Hurt), on retrouvrera certes les traditionnelles influences Genesiennes, mais également quelques passages Floydien (final de Moving On) ou Oldfieldien (My Home Town par exemple). Néanmoins, ces références ne constituent pas une fin en soi, et Magenta finit par développer son propre style de façon très sereine. Et, cerise sur le gâteau déjà bien alléchant, on retrouve le désormais incontournable Troy Donockley et ses Uilleann Pipes et autres Whistles, pour un formidable final chargé d'émotion.
Au fil des écoutes successives, cet album prend une dimension insoupçonnée, et s'impose d'ores et déjà comme une des meilleures sortie de 2006.
Dans sa version limitée, "Home" est livrée avec un deuxième CD de 40 minutes, intitulé "New-York Suite". Comportant 5 titres retirés de la version officielle de l'album (pour des raisons purement commerciales, le groupe ne souhaitant pas mettre en vente un double album ... mais finissant tout de même par le proposer en version limitée double ... va comprendre), ce CD bonus permet à Magenta de retouver le style employé sur Revolution et Seven. Les morceaux sont plus longs, et font la part belle aux passages symphoniques. Une deuxième merveille à savourer après le concept officiel.
Pour ceux qui en doutaient encore, Magenta confirme qu'il fait bien partie des leaders du mouvement progressif de ce début de millénaire : que cela continue le plus longtemps possible pour notre plus grand bonheur auditif.