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"Onzième album du bonhomme Lanegan, amateur de nouvelles sonorités à explorer, ce terrain new wave et cold wave n'est pas un hommage aux 80's mais l'œuvre d'un artiste qui connaît quelques secrets d'alchimie sonore."
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5/5
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Mark Lanegan traverse les époques et les genres avant que la poussière n'ait fait son œuvre. Le chanteur prolifique natif de l'état de Washington faisait rebondir sa voix contre les parois rugueuses du grunge (Screaming Trees), d'un folk blues poisseux (sous son nom en solo) ou en compagnie de célestes créatures (Isobel Campbell, Queens Of The Stone Age et même Gérard Manset). Entouré de ses fidèles Greg Dulli à la guitare, Martyn LeNoble à la basse et du multi-instrumentiste et producteur chilien Alain Johannes, Mark Lanegan nous invite à frapper le heurtoir d'une porte a priori banale mais derrière laquelle croupit un monde fascinant.
Sur son album précédent ''Gargoyle'', Mark Lanegan explorait avec la rigueur d'un chercheur des sonorités plus électroniques. Le chanteur chevelu a toujours fait preuve d'une ouverture d'esprit qui paradoxalement l'a peut-être empêché de réaliser son chef-d'œuvre impérissable, en s'éparpillant aux quatre vents. Dès les premières minutes de ce ''Somebody's Knocking'', les ambiances glauques et poisseuses rencontrent les 80's. Les mânes de Cure, Sisters Of Mercy (on rêverait d'un duo entre Andrew Eldritch et Mark Lanegan), New Order ou Joy Division (avec le son de basse caractéristique de Peter Hook sur 'Playing Nero' ou 'Name And Number') sont convoquées. La new wave et la cold wave ne sont pas opportunément utilisées pour servir d'écrin à sa voix mais sont employées comme de véritables terrains de jeux à arpenter et ne souffrent nullement d'une quelconque artificialité. Il suffit de jeter une oreille à 'She Loves You' où des claviers neworderiens s'emboîtent agréablement avec des sonorités plus dures des guitares.
Au bal des voix graves, Mark Lanegan trinque au Bourbon avec ses collègues grimaçants Tom Waits, Leonard Cohen et Nick Cave. Le spectre à la voix d'or ne cesse de nous hanter tout au fil de cet album. Mais nous ne sommes pas en proie à l'effroi, au contraire, le chanteur nous invite poliment à parcourir son monde. Le trajet n'est pas connu d'avance et il faut savoir se perdre à travers le désert pour goûter à l'aventure : sur l'asphyxiant et tribal 'Disbelief Suspension', comme son titre l'indique, l'auditeur est invité à laisser son scepticisme sur le bas-côté, sur son pendant étoilé 'Penthouse High', il faut accepter de se perdre dans une maison hantée.
Débarrassés de nos dernières œillères, nos attentes sont largement remplies : nous écoutons le témoignage étrange d'un illuminé qui s'est risqué du côté de Kaboul ('Night Flight In Kabul') au mépris de la mort, attiré par la chimère de l'Or, dans une discothèque glauque où les murs suintent le souvenir de Ian Curtis dans 'Dark Disco Jag', ou près du dernier indien sur 'War Horse' sur lequel des sonorités indiennes côtoient une force de frappe inexorablement sèche (la voix y est très proche de Tom Waits). L'écriture concise et minimaliste n'empêche pourtant pas l'émotion à fleur de peau de nous contaminer quand nous baissons notre garde : 'Letter Never Sent' nous émeut soudainement à l'écoute d'un refrain anthologique et poignant ; la ballade spatiale 'Playing Nero', la lumineuse 'Two Bells Ringing At Once' ou encore le refrain émotif inattendu de 'Name And Number' prouvent que la beauté aime se draper de ténèbres.
''Somebody's Knocking" ne doit rien à Harry Nilsson ou Bob Dylan. Mark Lanegan nous ouvre généreusement la porte de son album rythmé par des sonorités 80's sur lesquelles il pose sa voix chaude et réconfortante. Certains artistes trouvent leur formule et s'appliquent à ne jamais en dévier alors que Mark Lanegan saute sans parachute, entraîné par son amour de la musique et sa soif de vivre de nouvelles aventures sans retenue. S'il fallait chipoter, on pointera la durée de l'album, 57 minutes, un
petit poil trop longue (et 'Radio Silence' un tantinet abrasif). Mais ce serait vraiment manquer de respect à notre dernier Indien qui vient une nouvelle fois de prouver qu'il est détenteur du secret d'alchimie sonore.
Plus d'information sur
http://marklanegan.com/
LISTE DES PISTES:
01. Disbelief Suspension - 3:15 02. Letter Never Sent - 3:31 03. Night Flight to Kabul - 3:30 04. Dark Disco Jag - 3:55 05. Gazing from the Shore - 3:42 06. Stitch It Up - 3:03 07. Playing Nero - 4:16 08. Penthouse High - 6:23 09. Paper Hat - 4:27 10. Name and Number - 3:39 11. War Horse - 2:51 12. Radio Silence - 4:02 13. She Loved You - 5:30 14. Two Bells Ringing at Once - 4:49
FORMATION:
Mark Lanegan: Chant Rob Marshall: Basse
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