1979 du côté de Sunderland, deux ans après le ras-de-marée punk qui avait submergé le Royaume-Uni, The Toy Dolls grave sur microsillon ses premières éructations. 40 ans plus tard et à la plus grande surprise de son leader, Olga, The Toy Dolls est toujours tiré à quatre épingles (à nourrice). L'occasion est trop belle de sortir leur treizième album studio, sobrement intitulé ''Episode XIII", un titre pourtant plus inspiré que les précédents (''Our Last Album'', ''The Album After The Previous One'').
Que reste-t-il de 1977, cette époque bénie où pour les apprentis musiciens une attitude rebelle et revancharde (et afficher ses oripeaux de chez McLaren) était plus importante que de réels talents artistiques ? Si les Sex Pistols ont phagocyté jusqu'à l'explosion le mouvement qu'ils ont provoqué, l'attitude fumiste n'était vraiment l'apanage que d'individus clairement identifiés (Syd Vicious). The Stranglers, The Damned, Ultravox!, Siouxsie And The Banshees proposeront une immédiateté mélodique faisant parfois défaut à leurs congénères, qui prendront pour table de lois les éructations de Johnny Rotten (celui-ci finira par fonder Public Image Limited, qui s'aventurera du côté de la world music). A première vue, The Toy Dolls ferait partie de ceux-ci et pourrait s’enorgueillir d'avoir su traverser le temps sans overdose. Un chanteur pourvu d'immenses lunettes à la voix éraillée, des rythmes binaires à en mourir, une batterie qui tonne et l'étiquette de groupe de pathetic punk nous inviterait plutôt à retenir quelques sourires et passer notre chemin.
Mais contrairement aux apparences, l'étiquette punk colle mal aux Toy Dolls. Placé aux avant-postes, 'Arthur Clark' Dark Horse' (rien à voir avec le père de ''2001 L'Odyssée De L'Espace'') fera renoncer les sceptiques de Glasgow : avec son refrain fédérateur, la chanson retarde une tempête qui n'éclate qu'avec un solo de guitare dévastateur. L'univers sonore est bien plus riche qu'il n'y paraît. Le Grand Imprévisible a revêtu son beau manteau. Parfois c'est une guitare à la Shadows qui pointe sa tête ('Waffle Woman'), le rythme se ralentit avant de reprendre de plus belle avec un nouveau refrain anthologique. Les nouvelles technologies ne sont pas interdites avec 'Laptop Lifters' qui s'autorise même un passage a cappella. Si le groupe est connu pour ses reprises irrévérencieuses ('Livin La Vida Loca' de Ricky Martin), il ne s'est autorisé ici qu' 'El Cumbanchero', qui sert d'interlude musical. On déplorera toutefois que le groupe n'ait pas poussé plus loin son étude cathodique en s'aventurant dans d'autres genres.
Pour fêter ses 40 années d'existence The Toy Dolls nous concocte en guise de gâteau un véritable programme musical dans lequel l'auditeur croise toute une galerie de personnages excentriques. Le groupe s'affranchit de ses racines punk pour nous régaler de pièces mélodiques, de riffs de guitare dévastateurs et de refrains fédérateurs. Bon anniversaire The Toy Dolls, en espérant une prochaine diffusion d'un épisode XIV.