Brother Ape, quatuor suédois, ayant sorti l’année dernière leur premier album intitulé « On The Other Side » que je n’ai pas eu le plaisir d’écouter, nous revient déjà avec son successeur « Shangri-La ».
La variété des styles et des influences mise en lumière par Peter Hackett (voir chronique de « On The Other Side ») est toujours d’actualité. Le groupe nous propose un mélange pop rock prog jazzy pas toujours très heureux bien qu’incontestablement travaillé. Dans tous les cas, ne vous laissez pas berner par l’étiquette « Jazz-Rock/Fusion » qui lui est affublé un peu partout, le groupe ne s’en rapproche guère que par petites touches sporadiques.
Parfois trop simpliste (le rock sans grande imagination de « Inside You »), parfois faisant mouche (le simplement bon « I’ll Be Going »), parfois entraînante (la joviale entrée en matière « New Shangri-La ») voire groovy (la basse ronflante de « Beams » ou bien le court instrumental jazzy « Tweakhead », la musique de nos suédois manque clairement d’une certaine ligne directrice. C’est voulu certes, mais très souvent l’auditeur se retrouve un peu désemparé. Clairement, la démarche de Brother Ape se rapproche des américains de Jack Foster III, mais en moins concis et moins réussie.
Rien à dire côté musiciens, l’interprétation est de qualité, les voix (le groupe est crédité de trois chanteurs) sont tout à fait dans le registre qui sied à la musique du groupe (un petit côté Colin Bass en solo pour l’un d’eux), c'est-à-dire assez passe-partout mais néanmoins bien utilisées (notamment dans le petit exercice de style qu’est « Umbrellas »). La production est plutôt de bonne qualité, ne nuisant pas outre mesure au plaisir d’écoute général. En fait, tout le problème vient des compositions, celles-ci sont trop peu surprenantes et ne peuvent se targuer d’être au mieux que sympathiques. La plupart étant assez transparente tellement on ressort de l’écoute de cet album sans en avoir retenu quoique ce soit (à l’exception sans doute de « New Shangri-La »).
La conclusion s’avère forcément cinglante, malgré des titres rarement désagréables, la sauce ne prend pas ! Le groupe gagnerait franchement à ne pas trop se disperser et à nous proposer des compositions plus ambitieuses, car en l’état actuel des choses, je ne vois pas ce qui peut faire passer Brother Ape à autre chose qu’une certaine confidentialité.